L'écologisme et le mythe de la surpopulation

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13 décembre 1996

S'il y a un thème qui revient avec régularité à propos des problèmes d'environnement, dès lors qu'ils dépassent les questions locales, c'est celui de la croissance démographique, de la prétendue surpopulation. Il y aurait trop d'êtres humains sur la Terre (et ce sera encore pire demain, nous dit-on) par rapport à ses réserves énergétiques, par rapport aux ressources alimentaires, et compte tenu de l'atteinte croissante portée par tout ce monde à l'environnement naturel.

Cette thèse a été liée, pour ainsi dire d'emblée, à la naissance du mouvement écologiste de notre époque. Le biologiste américain Paul Ehrlich, animateur de grandes institutions écologistes et connu en particulier pour son livre "La Bombe P" (P comme population), exposait en 1968 cette thèse selon laquelle la surpopulation serait la cause principale des maux qui accablent l'environnement : "Il est aisé de remonter à l'origine de l'enchaînement des causes de sa détérioration. Trop de voitures, trop d'usines, trop de produits détergents, trop d'insecticides, trop d'analgésiques, des usines de traitement des déchets inadéquates, trop peu d'eau et trop d'oxyde de carbone la cause de ces maux, on la retrouve aisément dans l'excès de population".

Les thèses d'Ehrlich représentent peut-être un cas extrême, mais la théorie écologiste de la surpopulation mondiale a traversé les années. Le commandant Cousteau, par exemple, déclarait au "Nouvel Observateur" en 1992 : "Tous les écologistes aujourd'hui sont convaincus que la surpopulation est à l'origine de tous les problèmes. Dans les 40 années qui viennent, la population va doubler. En l'an 2030, on est sûr d'avoir 10 milliards d'individus. 2030, c'est demain, et avec 10 milliards d'individus, on ne sait pas comment faire. Dans un monde où un tiers de la population devient de plus en plus riche sans augmenter, tandis que les deux tiers de la population deviennent de plus en plus pauvres en augmentant, cette situation ne peut pas durer. Elle crée une haine réciproque des pauvres contre les riches qui se terminera dans le sang".

Selon Cousteau, la population que la Terre pourrait nourrir, sur la base de la consommation des Américains, serait de 600 ou 700 millions de personnes, chiffre qu'il aurait obtenu d'après un calcul mathématique.

La démographie n'est pas la spécialité de Cousteau. Mais on peut lire aussi, dans un ouvrage de spécialiste qui n'a que quelques années, consacré aux "catastrophes écologiques" : "En cette fin du XXe siècle, la catastrophe écologique majeure qui affecte l'humanité et dont découlent la plupart des maux dont elle souffre déjà, ou qui la menacent, (...) provient de sa reproduction anarchique avec pour conséquence un accroissement exponentiel du nombre d'hommes", "(...) cette explosion démographique compromet dès à présent toute possibilité de développement dans le tiers monde", ou encore "Si l'on excepte les conséquences d'une guerre nucléaire, la croissance démographique constitue le problème d'environnement le plus grave auquel la civilisation humaine a jamais été confrontée".

Le WorldWatch Institute de Washington est un centre international de recherches démographiques et écologiques. Son président, Lester Brown, une personnalité de l'écologisme, a préfacé l'édition 1996-1997 de "L'Etat de la Planète". Sa thèse est que "la capacité de charge de la terre (est) déterminée par la quantité de nourriture disponible" la "capacité de charge", c'est-à-dire le nombre d'êtres humains qu'elle peut porter.