Dans les démocraties occidentales aussi

Yazdır
10 novembre 1995

Encore une fois, la poussée de la réaction islamiste n'est pas un phénomène isolé, "spécifique". Même si elles prennent des formes diverses, les attaques contre les libertés conquises par les femmes ont tendance à se multiplier, à apparaître plus ouvertement en tout cas, y compris dans les riches démocraties occidentales.

Illustration vient d'en être fournie de façon assez spectaculaire lors de la manifestation des Noirs américains à Washington, avec l'appel du leader réactionnaire Farrakhan à en écarter les femmes, invitées à rester à la maison ce jour-là, pour prier et s'occuper des enfants...

Farrakhan est musulman. Mais, aux Etats-Unis, cela fait maintenant plusieurs années que des commandos terroristes, pas exclusivement religieux d'ailleurs, s'attaquent à la liberté des femmes de disposer de leur corps, de recourir au besoin à l'avortement. En France aussi, périodiquement, des actions de ce genre ont lieu, comme encore tout récemment à l'hôpital de Valenciennes. On sait que, malgré la loi, ce type d'attentats n'est pratiquement pas sanctionné. On sait aussi que parmi le personnel politique, sans même parler de Le Pen et de De Villiers, le nombre de ceux (voire de celles) qui aimeraient bien revenir en arrière, et le proclament, sur les droits conquis en matière d'avortement et de contraception n'est pas du tout insignifiant.

Pour les jeunes qui ont aujourd'hui vingt ans, le droit à la contraception, à l'interruption volontaire de grossesse peut paraître acquis, bien qu'il ne date que d'une vingtaine d'années. Mais aucun progrès réel ne sera jamais définitivement acquis tant que la société demeurera fondée sur la division en classes.