Ne serait-ce que, pour commencer, parce que pratiquement tous les problèmes d'environnement exigent d'abolir cet anachronisme que représente le maintien des Etats nationaux et des frontières nationales (à plus forte raison micro-nationales !). Dans l'évaluation des ressources, cela mène à de folles absurdités telles que les calculs fondés sur des groupes humains cloisonnés entre eux, ou encore cette carte de l'Afrique charcutée en plusieurs zones, côte à côte, en fonction des possibilités de production alimentaire locales : des zones grises "pouvant nourrir plus de 100 habitants au km2" et des zones noires "où la population excède les possibilités de production alimentaire".
Quelle société humaine est-ce là ! Sur une carte de la France dressée avec de pareils critères, quel noir plus noir que le noir faudrait-il inventer pour représenter, par exemple, l'agglomération parisienne, dont la production alimentaire locale est bien incapable de nourrir sa population !
C'est l'ensemble des problèmes écologiques qui a une dimension trans-frontalière évidente : les fleuves, les courants marins, les vents, les nuages ignorent les passeports... Les processus de concentration des produits polluants suivent des lois qui échappent aux législations nationales... Les oiseaux migrateurs qui viennent faire leur nid en Europe en été, puis retournent en Afrique en hiver, que sont-ils sinon des "immigrés clandestins" ?
La nécessité d'une coopération mondiale transparaît de façon aveuglante à travers de tels problèmes, à plus forte raison encore quand ils affectent notre atmosphère sans frontières.