Yémen : les bombes saoudiennes et les faux prétextes de la « menace iranienne »

إطبع
juilet-août 2015

Tandis qu'en Syrie et en Irak les populations sont prises dans le feu croisé de la guerre civile et des bombardements impérialistes, celle du Yémen, au sud de la péninsule arabique, subit un sort similaire dont on a beaucoup moins parlé.

Parties du nord du pays, au début de l'année 2014, des milices dites houthistes, du nom du clan des al-Houthi auquel appartenaient ses fondateurs, ont occupé la capitale, Sanaa, en septembre dernier, provoquant la fuite du président Abd Rabbo Mansour Hadi. Puis elles ont marché vers le sud du pays, jusqu'à atteindre Aden, en avril de cette année, port stratégique qui commande le détroit de Bab el-Mandeb, passage obligé du trafic entre l'océan Indien et le canal de Suez, soit environ 10 % du trafic maritime mondial de marchandises. Depuis, le président Hadi a trouvé refuge en Arabie saoudite et les combats se poursuivent dans toute la moitié sud du pays entre une multitude de forces rivales.

Entre-temps, à l'instar de celle formée par Obama contre la Syrie et l'Irak, une coalition multinationale a entrepris de rétablir à coups de bombes le « pouvoir légitime du Yémen ». Cette fois, néanmoins, il s'agit d'une coalition dirigée par l'Arabie saoudite, entraînant dans son sillage l'Égypte, le Soudan, le Maroc, la Jordanie, le Qatar, les Émirats arabes unis, Bahreïn et le Koweït. Depuis le 26 mars, les forces aériennes de cette coalition bombardent donc le Yémen, avec seulement une courte suspension de cinq jours, pour permettre la livraison d'aide humanitaire.

Une catastrophe pour la population

Ces trois mois de bombardements ont d'ores et déjà un coût exorbitant pour la population. Des quartiers résidentiels ont été touchés, voire détruits, ainsi que bien des infrastructures, telles que ponts, centrales électriques et surtout installations d'adduction d'eau, vitales dans un pays où l'eau manque partout. L'une des rares laiteries industrielles du pays a été détruite le 1er avril dans un bombardement qui a fait au moins 40 morts parmi les ouvriers. Les camps de réfugiés ne sont pas épargnés, comme celui d'al-Mazraq dans le nord du pays, en grande partie détruit par les bombes.

Nul ne peut dire combien de victimes a fait l'intervention saoudienne. Mais les organisations humanitaires estiment qu'elle a déjà ajouté plus de 100 000 réfugiés aux quelque 300 000 amenés par la guerre civile. Et ceci dans un pays qui comptait déjà plus d'un million de réfugiés étrangers, venus essentiellement de Somalie et d'Éthiopie dans l'espoir d'échapper à la misère et à la guerre.

Le blocus aérien et maritime imposé par la coalition saoudienne prive le pays d'importations vitales. Pour les quelque 16 millions (sur 26 millions) de Yéménites qui dépendent, à un degré ou un autre, de l'aide alimentaire internationale, cela équivaut à terme à un arrêt de mort, que ce soit de faim ou de maladie.

En fait, la combinaison de la guerre civile et des bombes saoudiennes engendre une telle régression dans le pays qu'aujourd'hui les boat people qui, poussés par le désespoir, traversent le détroit de Bab el Mandeb, ne viennent plus d'Afrique : ce sont des Yéménites cherchant à gagner Djibouti ou la Somalie, qui n'ont pourtant rien à leur offrir.

Comme si le Yémen, déchiré depuis un demi-siècle par une multitude de conflits armés, sans parler des drones américains dont il est devenu la cible au nom de la « guerre contre le terrorisme », et qui est aujourd'hui l'un des pays les plus pauvres du Moyen-Orient, avait besoin de plus de destructions, alors qu'il manque de tout !

Une unification difficile et précaire

Le Yémen est un pays relativement récent, né de l'unification, en 1990, de la République arabe du Yémen et de la République démocratique populaire du Yémen, au terme d'un processus marqué par une série de conflits armés.

La République arabe du Yémen (au nord) avait pris définitivement sa forme de république en 1970, au terme d'une guerre civile de huit ans qui avait fait 200 000 morts, entre d'une part un camp républicain appuyé par l'armée égyptienne et des armes soviétiques, et de l'autre un camp royaliste appuyé par l'armée saoudienne et des armes britanniques. En 1978, le président Ali Abdallah Saleh et son parti, le Congrès général du peuple, s'étaient installés au pouvoir, instaurant une dictature kleptocrate étroitement dépendante des armes et des subsides saoudiens.

Quant à la République démocratique populaire du Yémen (au sud), elle avait été formée en 1967, après l'abandon par les Britanniques de leur protectorat d'Aden, à la suite du développement d'une guérilla nationaliste. Le pays avait ensuite vécu sous un régime qui se disait marxiste-léniniste et s'était tourné vers le bloc soviétique et la Chine pour obtenir l'aide économique que l'impérialisme ne lui aurait accordée qu'en échange de contreparties intolérables. Bien que socialement moins arriéré à bien des égards que son voisin du nord, ce pays n'en était pas moins une dictature, dirigée par le Parti socialiste du Yémen.

Les deux pays s'étaient livré deux guerres, en 1972 et en 1979, avant de conclure un accord d'unification, en mai 1990, qui n'avait pas réglé les tensions passées. Le nouveau régime, basé sur l'ancien appareil d'État du nord, sous la houlette du président Saleh, n'avait guère fait de place aux anciens dignitaires du sud, ni même réussi à fusionner les armées des deux pays.

Trois ans après l'unification, le Yémen implosa et une République démocratique populaire fut de nouveau proclamée au sud. Des combats acharnés s'ensuivirent, dans lesquels l'Arabie saoudite intervint en sous-main en envoyant des milices salafistes combattre dans le camp de Saleh. Finalement, la sécession sudiste fut écrasée en 1994 et Saleh conserva le pouvoir pour lui seul.

Les représailles furent brutales. Une centaine de militants du Parti socialiste du Yémen furent assassinés par des miliciens salafistes et les dirigeants de ce parti furent condamnés à mort par contumace. Et, pour satisfaire ses alliés du parti Islah (équivalent yéménite des Frères musulmans, alors financé par l'Arabie saoudite), Saleh s'attaqua aux droits des femmes hérités de l'époque précédant l'unification, interdisant par exemple la mixité dans l'enseignement et supprimant l'âge minimum de mariage pour les femmes. Enfin, Saleh purgea l'armée et l'appareil d'État, en remplaçant de nombreux sudistes par des nordistes choisis parmi ses fidèles et parmi les protégés du parti Islah. Du fait du taux de chômage de 40 %, nombre de ceux qui furent ainsi purgés ne retrouvèrent jamais d'emploi régulier. Vinrent ensuite une série de mesures visant à privatiser les industries étatiques et les fermes collectives du sud, dont beaucoup furent bradées pour une bouchée de pain à des amis du régime, tandis que les services publics, déjà bien insuffisants, étaient laissés à l'abandon.

Ces mesures visant à enraciner le pouvoir de Saleh et de sa clique dans le sud ne firent que susciter l'émergence d'un courant séparatiste important, connu sous le nom populaire de al-Hirak (le mouvement), dont la principale composante, le Mouvement du Sud, devait être à l'origine de bien des mobilisations populaires.

Le régime de Saleh renversé... dans la continuité

C'est ce Mouvement du Sud qui prit l'initiative de la première vague de manifestations contre la corruption du régime, en juillet-août 2007, manifestations qui furent brutalement réprimées.

Les manifestations reprirent à l'époque de ce que l'on a appelé le « printemps arabe », en 2011. Mais cette fois, elles partirent de la capitale Sanaa, le 27 janvier, pour gagner ensuite Aden et les villes du sud. Malgré l'état d'urgence, elles se poursuivirent pendant tout le mois de mars puis d'avril, sous le feu de policiers tirant sur les manifestants du haut des toits. Mais dès le mois de mars, sentant le vent tourner, et sans doute sous l'influence de Washington et de Riyad, plusieurs ministres et surtout l'homme fort de l'armée, le major-général Ali Mohsen al-Ahmar, avaient déclaré leur soutien aux manifestants.

À ce stade, Saleh conservait encore des troupes fidèles dans l'armée, mais il était très affaibli. En mai, al-Ahmar annonçait à la presse la dissidence de 7 000 soldats de la Garde républicaine, unité d'élite jusque-là considérée comme un pilier du régime. Les mois suivants virent les affrontements se multiplier entre unités de l'armée et, en novembre, des manifestants réussirent à s'emparer d'une caserne et de son armement sans rencontrer d'opposition de la part des soldats.

C'en était trop, tant pour la bourgeoisie yéménite que pour l'Arabie saoudite et les États-Unis, pour qui le risque de voir l'appareil d'État imploser, à un moment où la population était mobilisée, était inacceptable. La machine diplomatique de l'impérialisme se mit en branle et, peu après, le Conseil de sécurité des Nations unies passa une résolution condamnant la violence au Yémen et appelant à un changement de régime.

En fait, cela faisait déjà longtemps que des tractations étaient en cours dans les coulisses et, le 23 novembre 2011, lors d'une cérémonie à Riyad à laquelle avaient été invités tous les souverains-dictateurs du monde arabe et les diplomates occidentaux, mais aucune des organisations yéménites intéressées, Saleh signa avec un large sourire un « plan de transition démocratique ».

Saleh avait certes toutes les raisons de sourire. Il obtenait l'immunité concernant des faits ayant eu lieu durant sa présidence. Lui et sa famille pouvaient conserver le produit de 33 années de rapines (estimé depuis par l'ONU à plus de 55 milliards d'euros). Il restait à la tête de son parti qui détenait toujours une majorité au Parlement yéménite, obtenue lors d'élections datant de 2003. Enfin, son successeur désigné était son vice-président, Abd Rabbo Mansour Hadi, qui devait être élu dans une élection présidentielle où il serait le seul candidat.

Saleh s'en tirait avec tous les honneurs, la tête du régime changeait, mais pas le régime lui-même.

Quant à l'armée, elle resta aussi divisée qu'instable. Les deux tentatives que fit Hadi par la suite pour la doter d'un commandement unique, en destituant quelques-uns des hommes forts du clan Saleh, ne firent que rallonger la liste des officiers supérieurs d'active susceptibles de se joindre à une future dissidence.

Aux origines de la rébellion houthiste

C'est sur ce fond de corruption, de désagrégation de l'appareil d'État, de conflits armés et d'interventions étrangères, saoudiennes en particulier, que s'est développée la rébellion houthiste. Le mouvement houthiste est apparu au début des années 2000, au sein de la minorité chiite yéménite, le long de la frontière avec l'Arabie saoudite. Le régime de Saleh s'était aliéné cette minorité par sa corruption, ses exactions et les impôts arbitraires qu'il imposait à la population rurale pauvre. Le mouvement houthiste donna une expression politico-religieuse à cette aliénation. Ce qui le transforma en rébellion armée, ce fut d'abord les tentatives d'ingérence du régime saoudien sur son territoire traditionnel, puis la répression dont il fut l'objet de la part du régime de Saleh.

Pourquoi ces ingérences saoudiennes ? C'est que non seulement la frontière yéméno-saoudienne, héritée des rapports de force passés entre les grandes puissances, était artificielle, mais, jusqu'à une date récente, elle avait été mal définie. De part et d'autre vivaient des populations liées par des liens historiques et par leur appartenance commune à la même secte zaïdite du chiisme. Or, pour les dirigeants de la théocratie sunnite de Riyad, la minorité chiite saoudienne (25 % de la population) était un foyer potentiel d'opposition. Ils pouvaient la réprimer et ils ne s'en privaient pas. Mais ils n'avaient pas les mêmes possibilités à l'encontre de la minorité chiite yéménite (35 % de la population) ni les moyens de se prémunir contre une menace de contagion d'un pays à l'autre.

C'est pour anticiper une telle menace qu'au début des années 2000 l'Arabie saoudite envoya des prêcheurs salafistes ouvrir des écoles au nord du Yémen, afin de convertir les jeunes chiites. Cela eut pour effet de transformer le mouvement houthiste en une rébellion ouverte. À ce stade, néanmoins, elle n'avait qu'un caractère défensif, cherchant à se protéger contre de telles ingérences.

Par la suite, il n'y eut pas moins de six offensives en règle de l'armée yéménite contre les territoires dont les milices houthistes avaient pris le contrôle. À plusieurs reprises, l'Arabie saoudite apporta, plus ou moins ouvertement, une aide militaire. En particulier, lors de l'offensive de 2009 qui dura trois mois, l'aviation saoudienne bombarda des villages chiites, où l'ONG Human Rights Watch retrouva des restes de bombes à fragmentation de fabrication américaine.

Puis vint le « printemps arabe ». Les houthistes appelèrent à participer au mouvement de protestation pour exiger le départ de Saleh. À un moment où l'armée était devenue peu sûre, Saleh eut recours à des miliciens salafistes du parti Islah, dont certains furent capturés au moment où ils allaient commettre des attentats suicides dans des localités contrôlées par les houthistes.

Les houthistes, de la défensive à l'offensive

En 2012-2013, il y eut une trêve dans les combats, alors que se déroulait une conférence de dialogue national destinée à trouver un règlement politique, conférence à laquelle quelques représentants de la rébellion houthiste et du Mouvement du Sud avaient été invités. Le cessez-le-feu tint pendant les quelque dix mois que dura la conférence, et ceci bien qu'entre-temps l'Arabie saoudite ait profité de la situation pour relancer ses campagnes de conversion dans le nord du pays et entrepris la construction d'une barrière électrifiée sur les 1 500 km de sa frontière avec le Yémen.

Lorsque la conférence rendit ses conclusions, en janvier 2014, ce fut pour proposer une Constitution fédérale qui mécontentait tout le monde. Car non seulement le président Hadi en avait profité pour prolonger son mandat d'un an, alors qu'il n'avait toujours pas été élu, mais en plus elle instituait une division du pays en six provinces plus ou moins autonomes qui ne répondaient ni aux revendications des houthistes, ni à celles des séparatistes du sud, dont les territoires auraient été divisés. Surtout, le projet de Constitution ne faisait rien pour mettre fin à la corruption et au clientélisme du régime. Des manifestations de protestation eurent lieu dans les grandes villes. Pendant deux mois, elles se poursuivirent dans le sud, sur des mots d'ordre séparatistes, tandis que des groupes armés se réclamant du Mouvement du Sud s'attaquaient à des unités de l'armée.

Puis, en août, il y eut deux semaines de manifestations dans les villes du nord, cette fois contre une augmentation de prix des combustibles, manifestations auxquelles les houthistes participèrent en force. Le président Hadi finit par annuler l'augmentation. Mais il en profita pour dissoudre le gouvernement et s'arroger « temporairement » les pleins pouvoirs toujours les bonnes vieilles méthodes de Saleh !

Ce fut en réponse à cette provocation que les houthistes passèrent de la défensive à l'offensive. Mais tout indique qu'ils ne le firent pas sans de puissants appuis dans l'armée. La plupart des témoignages notèrent qu'en septembre dernier leurs milices avaient occupé la capitale Sanaa sans rencontrer de résistance, malgré sa garnison importante, dont, en particulier, plusieurs unités d'élite de la Garde républicaine. D'autres informations ultérieures allèrent dans le même sens, en rapportant l'intervention d'avions militaires appuyant les houthistes contre l'armée régulière.

Les divisions au sein de l'armée indiquent que les dirigeants impérialistes ont échoué dans leur tentative d'arrêter la désagrégation de l'appareil d'État à l'époque du « printemps arabe ». Et sans doute a-t-elle été aggravée depuis, tant par les purges successives opérées par Hadi sur l'avis de ses conseillers américains et saoudiens que par le projet de Constitution fédérale, dans lequel certains officiers supérieurs ne voient qu'une concession inacceptable aux forces centrifuges régionalistes. En tout cas, en imposant en 2011 un règlement politique qui n'était qu'un emplâtre destiné à masquer la continuité du régime, les dirigeants impérialistes n'auront, en définitive, rien réglé.

La main de l'Iran ou celle de l'impérialisme ?

Les gouvernements occidentaux et leurs médias n'ont pas manqué de présenter la rébellion houthiste comme un instrument du régime iranien. Sans doute les autorités yéménites et saoudiennes ont-elles accusé les houthistes d'être armés et entraînés par l'Iran, mais sans jamais apporter la preuve de leurs allégations. D'ailleurs, les autorités américaines elles-mêmes ne semblent pas si convaincues de leur véracité, à en juger par une série de câbles diplomatiques publiés par Wikileaks. Ainsi, dans un câble de 2007, on peut lire ce commentaire : « Les liens culturels et religieux entre les Houthis et l'Iran et la façon dont Téhéran interfère dans les affaires des pays de la région semblent suffire à convaincre [...] Saleh [...] que la main de l'Iran est derrière la phase actuelle de l'insurrection houthiste. Notre ambassade n'est néanmoins pas prête à faire d'une telle estimation un article de foi, sur la base des informations qui lui ont été fournies. » Un autre câble, daté de novembre 2009, renchérit sur le même thème : « Le gouvernement yéménite ne nous a toujours pas fourni la preuve que les Iraniens font parvenir des armes de contrebande aux houthistes, dans la mesure où le bateau qu'il avait fait saisir était apparemment vide. »

Mais surtout, on voit mal quel serait l'intérêt du régime iranien à jouer les fauteurs de troubles au Moyen-Orient en apportant un soutien militaire aux houthistes. Pour mettre en difficulté son rival saoudien ? Cela aurait pu se concevoir dans une autre période, mais pas à un moment où, au contraire, Téhéran s'efforce de normaliser ses relations avec Washington et de démontrer son utilité à l'ordre impérialiste régional en contribuant à son rétablissement en Irak.

En revanche, le rôle de l'impérialisme dans la situation au Yémen est plus qu'ambigu. Il paraît évident que l'Arabie saoudite, ce pilier de la politique américaine au Moyen-Orient, n'aurait pas monté une telle opération contre le Yémen, ni massé 150 000 soldats à sa frontière, sans en référer au préalable à Washington. Comme pour souligner cet accord implicite, l'opération avait été annoncée lors d'une conférence de presse à Washington par l'ambassadeur d'Arabie saoudite aux États-Unis. Même son nom de code était tout un symbole :  Tempête décisive, allusion transparente à l'opération Tempête du désert que les États-Unis avaient menée contre l'Irak, lors de la première guerre du Golfe.

De son côté, Obama s'est bien gardé de s'insurger contre cette ingérence flagrante dans les affaires intérieures du Yémen. Au contraire, il a tenu à faire savoir qu'il avait autorisé l'armée américaine à fournir son aide à l'Arabie saoudite en matière de logistique et de renseignement. Il est vrai que, indépendamment des dangers politiques que les dirigeants américains peuvent voir dans la rébellion houthiste, c'était aussi l'occasion pour Obama de rassurer les dirigeants saoudiens quant à leurs relations privilégiées avec Washington, malgré la normalisation probable des relations américano-iraniennes.

Quant aux impérialismes mineurs, ils se sont précipités à la suite d'Obama. C'est ainsi que Laurent Fabius, en visite officielle à Riyad le 12 avril, aurait expliqué, selon Le Monde : « Pour les dirigeants français, l'opération saoudienne au Yémen est légitime ; ils l'interprètent comme un signal envoyé à l'Iran afin de ramener tout le monde à la table des négociations. » Quant au Premier ministre britannique David Cameron, tout en affirmant son soutien aux opérations de bombardement, il a tenu à ajouter que leur but devait être de « rétablir la stabilité dans le pays ».

Comme si chacune des bombes saoudiennes sur le Yémen, tout comme chacune des bombes françaises, américaines ou britanniques sur l'Irak, n'était pas un facteur de déstabilisation pour ces pays et pour la région qui les entoure, en même temps qu'une cause de souffrances et de misère pour les populations !

20 juin 2015