Le capitalisme et la destruction des forêts

Yazdır
13 décembre 1996

A l'heure actuelle, la destruction des forêts tropicales est particulièrement dénoncée par les défenseurs de l'environnement, en raison essentiellement des conséquences possibles sur le climat de la planète. Au cours de la décennie 1980, 17 millions d'hectares ont disparu chaque année. En Côte d'Ivoire, 75 % de la surface forestière ont disparu en 30 ans.

Ce phénomène va même jusqu'à provoquer des cris d'alarme officiels, les pays du G7, l'ONU, parlent d'"enjeu planétaire". Ils n'en parlaient pas tant, d'ailleurs, pendant que l'armée américaine détruisait, avec ses défoliants, 42 % des forêts du Vietnam au sud du 17e parallèle !

Et ils feignent d'ignorer que les forêts d'Afrique, d'Asie et d'Amérique latine ont été largement détruites d'abord pour les besoins des monocultures imposées par les colonisateurs puis l'impérialisme et destinées à être exportées, comme le thé, le cacao ou l'hévéa. Si le Brésil par exemple a perdu la moitié de sa superficie forestière antérieure à la colonisation européenne, c'est pour une bonne part parce qu'on y a étendu la culture du caféier sur d'immenses plantations au cours du XIXe siècle.

Comme ils feignent d'ignorer qu'aujourd'hui le commerce du bois aux mains de grandes compagnies capitalistes occupe le 5e poste du commerce international, la consommation de bois provenant des forêts tropicales s'étant beaucoup développée depuis la dernière guerre, parce qu'il revient paraît-il beaucoup moins cher que celui des forêts tempérées.

Les forêts sont exploitées sur un mode intensif, avec seulement en vue le profit à court terme, et c'est dévastateur : on coupe les arbres plus vite qu'il n'est possible à d'autres de grandir pour les remplacer.

Le cas le plus connu de destruction des forêts tropicales est celui de la forêt amazonienne : à quoi est-il dû ?

Dans les années 60, sous couvert de favoriser la colonisation de la forêt par des petits paysans sans terres, les gouvernements brésiliens ont fait percer des routes. En réalité, seulement une petite partie du sol de l'Amazonie peut servir à l'agriculture. Et ce fut un échec. Un gaspillage ? Certes, mais cela dépend pour qui. Très vite, les autorités ont décidé de transformer la forêt, traitée par avion avec des défoliants, en pâturages, en y semant des prairies artificielles et en y installant des ranches d'élevage de bovins. Les grands profiteurs de ces ranches n'ont eu à débourser que des prix dérisoires pour des surfaces immenses. La viande produite est exportée vers les marchés d'Amérique du nord...

On ne s'étonne pas que l'argent des travaux ait été "prêté" par la Banque mondiale, le Département d'Etat américain, etc., ce qui a contribué à accroître la dette publique extérieure du Brésil, tout en enrichissant les grandes firmes de l'agro-business et les banquiers.

Cette "mise en valeur" de l'Amazonie a coûté la vie de presque la totalité des Indiens qui y vivaient, assassinés comme le militant écologiste Chico Mendes par les tueurs à gages à la solde des gros intérêts fonciers, ou décimés par les maladies amenées par ce bouleversement.

La destruction de la forêt amazonienne a été une entreprise délibérément organisée. En Amérique centrale aussi, le quart des forêts a été détruit en 20 ans pour produire de la viande bovine destinée à l'exportation.