L'urgence de mesures radicales faisant payer la crise à ses responsables et à ses profiteurs

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Avril 1999

Ce ne sont pas ces élections qui, en elles-mêmes, vont changer quelque chose à la situation des travailleurs. Elles ne peuvent avoir d'incidences sur notre vie. Un tel changement, ce ne pourrait être que le produit du rapport des forces entre les capitalistes et les travailleurs qui pourrait l'imposer. Et le problème qui se pose aux masses populaires de France, c'est d'imposer des mesures qui puissent les protéger du chômage en mettant les travailleurs en meilleure situation face au grand patronat et au gouvernement.

Il ne faut pas laisser aux capitalistes le pouvoir de fabriquer des chômeurs par millions. Tel l'exemple récent d'Alcatel : 12 000 suppressions d'emplois programmées dans les deux ans à venir, alors qu'Alcatel a fait plus de 15 milliards de bénéfices en 1998, et que le conseil d'administration d'Alcatel a annoncé, dans des pages de publicité parues dans la presse, qu'il se propose de distribuer un dividende net par action en hausse de 14 % par rapport à 1997.

Voyons Renault et PSA : 8,8 milliards de francs de bénéfice net pour Renault, son meilleur bénéfice depuis dix ans, en hausse de 63 % sur 1997 ; pour PSA, 3,2 milliards de francs de bénéfices... et 40 000 suppressions d'emplois programmées pour l'ensemble des deux constructeurs d'automobiles. Et Renault a de l'argent pour racheter Nissan.

Autre exemple : l'opération lancée par la BNP sur deux autres grandes banques, la Société générale et Paribas, pour devenir la plus grande banque du monde : et il n'y aurait pas d'argent ? Pourtant, on nous prévient que cela signifie des "dégraissages" pour l'avenir, comme ils disent avec leur vocabulaire de bouchers. Et 130 000 salariés au total voient leur sort suspendu aux décisions de la Bourse et des financiers !

C'est pourquoi il faut abolir le secret commercial et le secret bancaire qui couvrent leurs manoeuvres et leurs spéculations, imposer le contrôle des travailleurs et de la population sur ce qu'ils font de leurs profits réalisés sur le dos de la classe laborieuse, le contrôle des travailleurs sur le système bancaire, réquisitionner les entreprises qui font des bénéfices et osent jeter des travailleurs à la rue. Seules de telles mesures radicales pourront faire payer la crise à ceux qui en sont les responsables et en sont les profiteurs. Il faut limiter, voire ôter à ces puissances d'argent le pouvoir absolu qu'elles ont aujourd'hui de diriger toute l'économie et de condamner à la misère des milliers de personnes, voire de ruiner des villes entières, sans qu'on puisse jamais les condamner.

Le grand patronat, les grandes entreprises ont de l'argent, des sommes colossales, celles qui alimentent la spéculation boursière, ce qu'ils appellent leurs liquidités. Ils en ont pour se racheter entre eux, amicalement ou sauvagement. Ils en ont pour fusionner afin de construire des groupes de plus en plus gros. C'est ce qu'ils appellent "investir". Cela ne crée ni biens supplémentaires, ni emplois en plus. Seulement des bénéfices, c'est-à-dire de l'argent, encore plus d'argent. C'est fou mais c'est comme cela. Et certains considèrent cela comme le meilleur des mondes.

Les travailleurs ne doivent pas se laisser abuser par les patrons qui pleurent misère et menacent d'aller s'installer ailleurs. C'est un chantage. Ils font, en réalité, bien trop de profits ici même. Ils mènent le pays à la catastrophe, ils appauvrissent la population travailleuse chaque jour plus dramatiquement ; il ne se passe pas de jours sans l'annonce de nouvelles charrettes de licenciements assortie de l'annonce de profits boursiers en hausse !

Les capitalistes n'auraient pas le choix, vu la concurrence, la course à la compétitivité, les pertes, etc. ?

Autant de mensonges flagrants des responsables politiques et des spécialistes auto-proclamés qui sont les larbins du patronat. Même chose lorsqu'ils affirment que les entreprises privées seraient mieux gérées que les services publics. Pourquoi alors les entreprises privées seraient-elles les premières à licencier ? Oui, elles sont sans doute mieux gérées pour fabriquer des bénéfices et surtout des chômeurs, ce qui est lié.

Alors, la tâche de l'heure, l'urgence, pour les travailleurs, c'est d'imposer à notre propre patronat la réduction de ses profits pour équilibrer le budget de l'Etat et imposer à ce dernier l'amélioration des services publics, que ce soit l'Education nationale, les transports en commun, les hôpitaux, les PTT, et de tous les services de proximité, ainsi que, bien sûr, des crédits pour transformer les banlieues des grandes villes et les rendre vivables pour tous.

N'oublions pas que si nous sommes capables, au travers des luttes sociales, celles des travailleurs et de la population laborieuse, d'imposer de telles mesures, cela sera contagieux. Nos victoires renforceraient la détermination et la confiance de tous les travailleurs européens et c'est à l'échelle de l'Europe que le rapport des forces entre les travailleurs et le patronat en serait changé.