Île de La Réunion : la canne à sucre, un business juteux financé par l’argent public

Drucken
septembre-octobre 2015

Revendiquée à cor et à cri par le principal syndicat des planteurs de canne, la Confédération générale des planteurs et éleveurs de La Réunion (CGPER), la nouvelle « convention canne » a été signée le 11 juin entre l'État, la Chambre d'agriculture, la CGPER et les usiniers, en présence du Premier ministre Manuel Valls. Cette convention, qui couvre la période de 2015 à 2021, fixe les conditions d'achat des cannes par les industriels du sucre et les modalités des différentes aides de l'État et de l'Union européenne (UE).

Sur ce sujet nous publions ci-dessous un exposé présenté samedi 23 mai dernier à la fête de Lutte ouvrière par nos camarades de l'île de La Réunion.

La campagne sucrière à La Réunion, la « koup kann » en créole, a démarré le 6 juillet dans le Nord et l'Est, le 16 juillet dans l'Ouest, et durera jusqu'à la mi-décembre. Cinq mois et demi durant lesquels les quelque 3 500 planteurs livreront leurs cannes aux deux usines sucrières de l'île. Les ouvriers agricoles et ceux des usines verront, eux, leur effectif tripler pour produire les quelque 200 000 tonnes de sucre et les 100 000 hectolitres d'alcool pur de rhum.

L'année 2015 est transitoire à plus d'un titre. D'abord parce que la « convention canne », qui fixe notamment les prix d'achat de la canne ainsi que les diverses primes versées aux planteurs par les usiniers pour une durée de huit ans, arrive à échéance. Ensuite parce que redémarre cette année un nouveau plan d'aides en provenance de l'UE et de l'État français pour soutenir le domaine tant agricole qu'industriel de la canne. L'enjeu est de taille pour les agriculteurs comme pour les propriétaires d'usines qui bénéficient fortement des aides publiques. Ces mêmes aides dont les modalités d'attribution seront remises en cause à partir de 2017, avec la fin des quotas et des prix garantis accordés par l'Union européenne.

Les planteurs y voient une menace pour cette monoculture biséculaire qui a fait la fortune de grandes familles coloniales et bourgeoises de l'île depuis le 19e siècle. Ils craignent la concurrence du sucre européen ou venant d'autres pays. Ils dénoncent à tout-va les accords commerciaux entre l'UE et les pays d'Afrique, Caraïbes et Pacifique (ACP) et, en chœur avec les usiniers, ils appellent l'État à la rescousse pour qu'il les aide financièrement.

Par le passé, planteurs et usiniers sont déjà montés au créneau, tantôt en s'affrontant, tantôt la main dans la main, pour protéger la production qu'ils disaient menacée mais surtout pour garantir leurs profits grâce aux aides de l'État français. Et à chaque fois les deux camps ont pu trouver l'appui des autorités et des politiciens de tout bord pour plaider leur cause au plus haut niveau. Mais, au fil du temps, seuls quelques gros et moyens planteurs, et surtout les usiniers, en l'occurrence aujourd'hui le groupe Tereos, plus connu sous le nom de sa marque Beghin Say, ont profité et profitent encore de cette culture qui couvre près de 60 % des terres cultivables de La Réunion.

Toutes les discussions et les arrangements à propos de la canne à sucre se font sans l'avis des techniciens agricoles, des ouvriers agricoles et d'usines, sans qui aucune richesse ne serait produite. Dans les mois qui viennent, ils devront encore se faire entendre pour ne pas être les sacrifiés des réformes en cours et de l'absurdité d'un système où une bourgeoisie déjà grassement assistée vole l'argent public, au prétexte de sauver des emplois que de toute façon elle sacrifie.

Un rappel historique

C'est à la fin du 18e siècle que la France décida de lancer la production de sucre à partir de la canne à La Réunion. En effet, à partir de 1815, avec l'effondrement de l'Empire napoléonien et la perte de la majorité de ses colonies (en particulier Haïti, gros producteur de sucre), la métropole ne pouvait plus en produire en quantité suffisante à partir de la betterave sucrière. Dès lors, l'île connut un effondrement des productions vivrières qui cédèrent la place à la canne dans les bas de l'île. En sept ans, un tiers de ces surfaces disparurent, entre 1850 et 1857 : elles passèrent de 41 000 à 27 000 hectares. La production de sucre, qui n'était que de quelques tonnes au début du 19e siècle, atteignit 81 634 tonnes en 1860. Pour parvenir à ce résultat, les planteurs firent venir des dizaines de milliers d'esclaves africains et malgaches, jusqu'en 1848, quand l'esclavage fut aboli. Puis, comme il leur fallait toujours une main-d'œuvre corvéable, ils firent venir des dizaines de milliers d'engagés d'Inde, mais aussi d'Afrique et de Madagascar, de Rodrigue (une île à l'est de l'Île Maurice, dans l'océan Indien) et même de Chine, guère mieux traités que les esclaves.

À partir de 1862, une crise économique affecta la production de sucre réunionnaise. Le cours du sucre s'effondra. En 1882, les Britanniques interdirent à la France de faire venir des engagés d'Inde à La Réunion. Les grands propriétaires se retournèrent alors vers les engagés indiens déjà présents et les petits blancs paupérisés pour en faire des colons. Se mit alors en place ce qu'on appelle le colonat tertiaire : un tiers de la production revenait aux propriétaires, deux tiers aux colons qui devaient pourvoir entièrement à leur entretien. En fin de compte, ce système permit aux grands propriétaires de garder la propriété de leurs terres, d'imposer aux colons la monoculture de la canne.

Il fallut en fait attendre la fin de la Première Guerre mondiale et les destructions massives en Europe pour que la production sucrière connaisse une nette progression à La Réunion. Si le début du 20e siècle a été synonyme de grande misère pour les ouvriers agricoles et les petits colons, les grands propriétaires profitèrent à plein du triplement du prix du sucre pendant cette période, écoulant au prix fort leur stock accumulé pendant le conflit. On estimait alors que 50 % des profits de La Réunion étaient accaparés par trois grands propriétaires : le Crédit foncier colonial, le comte de Kerveguen et le comte Choppy.

Durant l'entre-deux-guerres, la production réunionnaise de sucre disposait d'un quota de production que l'État français garantissait à un prix donné, si bien que pendant des décennies les capitalistes réunionnais du sucre n'eurent pas à souffrir de la politique de la limitation de la production instaurée pour pallier la surproduction internationale.

À l'issue de la Seconde Guerre mondiale, comme à l'issue du premier conflit mondial, les capitalistes du sucre réunionnais s'en sortirent bien, puisqu'ils parvinrent à nouveau à vendre leurs stocks au prix fort. Au cours des années suivantes, ils bénéficièrent des aides de la métropole, puis de la Communauté économique européenne, sous forme de subventions diverses et aussi par l'amélioration des réseaux routiers qui avaient pris le relais du rail, par la création de stations de recherche pour améliorer la teneur des cannes en sucre, par la mécanisation et l'amendement des terres par l'addition d'engrais chimiques et l'épierrage opéré par des entreprises publiques dépendant du département.

Aujourd'hui, la culture de la canne se maintient encore par la persistance des aides. Sans celles-ci, le prix de revient du sucre réunionnais ne permettrait sans doute plus son écoulement sur le marché. La question posée aujourd'hui est donc celle de la pérennité de cette production agricole alors même qu'elle occupe toujours aujourd'hui la majorité des terres réunionnaises et, de surcroît, les meilleures. À partir de 2017, La Réunion ne bénéficiera plus du quota de sucre qui lui est aujourd'hui alloué, ni de son prix garanti par l'Union européenne. Cela, du fait de la libéralisation totale du marché du sucre sur son territoire.

Pour les deux ans à venir, la France bénéficie d'un quota annuel de production de sucre blanc de 3,437 millions de tonnes réparti entre tous les producteurs du pays. Proportionnellement, La Réunion peut prétendre écouler environ 300 000 tonnes de sucre, quantité qu'elle n'a jamais atteinte jusqu'à maintenant.

À La Réunion, l'annonce de la fin des quotas et du prix garanti a mis le « feu dans la paille de cannes ».

Les planteurs de canne et les dirigeants locaux du groupe Tereos, en prétendant que demain le sucre réunionnais pourrait ne pas faire face à la concurrence européenne, voire à celle d'autres pays du Sud, ont tiré la sirène d'alarme qui a été entendue jusqu'au plus haut sommet de l'État et même de l'Union européenne.

Appuyés par les élus locaux de tout bord, les représentants des planteurs et des industriels ont formulé des revendications pour compenser les pertes qu'ils prévoient de subir à partir de 2017.

L'une d'elles, la principale, consiste à demander à l'État français une aide supplémentaire de 38 millions d'euros par an, somme équivalant à ce qu'ils considèrent être leur futur manque à gagner.

Cette demande a été entendue par François Hollande. Lors de sa venue en août 2014 à La Réunion, il a promis de plaider leur cause auprès de l'Union européenne. Promesse qui a été reprise par la commissaire européenne Corina Crétu, qui, elle, était à La Réunion au début du mois de mai.

Nul doute que l'État français attribuera aux quémandeurs cette somme, qui viendra s'ajouter à une aide étatique déjà existante et qui se monte à 90 millions. Cette dernière n'est d'ailleurs pas la seule aide dont bénéficient planteurs et usiniers. En effet, sur les 63 à 73 euros que les planteurs perçoivent par tonne de cannes livrée aux usines, à peine 22 euros sont effectivement payés par l'industriel.

Le reste est constitué de subventions diverses versées par l'État et l'UE, auxquelles vient s'ajouter une prime dite « recette bagasse » qui, elle, s'élève actuellement à 11,05 euros par tonne de cannes et qui est payée par tous les consommateurs d'électricité en France, via une taxe prélevée sur leur facture EDF.

La bagasse est un sous-produit de la canne qui alimente les deux centrales électriques de Bois-Rouge et du Gol.

La quête de subsides publics est depuis quelque temps déjà le principal, si ce n'est le seul levier que les planteurs actionnent pour obtenir des augmentations de leurs revenus.

Il est bien loin le temps où les principaux syndicats de planteurs, en particulier la Confédération générale des planteurs et éleveurs de La Réunion (CGPER), pendant longtemps proche du Parti communiste réunionnais et même de la CGT réunionnaise, revendiquaient une augmentation de leurs revenus auprès des industriels du sucre et du rhum.

Ils ont dorénavant choisi le consensus avec ces derniers. Et, même si l'on peut encore entendre parfois l'Internationale retentir dans certaines de leurs manifestations, celles-ci ne sont plus dirigées contre les usiniers mais plutôt contre les représentants de l'État.

Le consensus est aussi le maître mot dans les différentes instances interprofessionnelles que dirigent ensemble les planteurs et les usiniers.

Toutefois, cette tendance des syndicats agricoles à s'acoquiner avec les industriels laisse à ces derniers la mainmise sur la profession et par conséquent sur l'avenir des petits, voire des moyens planteurs.

Non seulement les aides publiques transitent pour partie entre les mains des industriels avant d'être redistribuées aux planteurs, mais ce sont eux qui imposent les règles et les conditions de la culture de la canne.

Ce sont eux qui déterminent, au travers d'organismes de recherche et de sélection qu'ils dirigent, les variétés de cannes que doivent cultiver les planteurs, les superficies qui doivent leur être consacrées, laissant notamment peu de possibilités à la diversification des cultures.

En fait, c'est le groupe Tereos qui domine tout. Il est le premier producteur de sucre en France, le deuxième producteur européen et le cinquième mondial. Avec quelques autres multinationales, il maîtrise le marché du sucre et du rhum à l'échelle de la planète.

D'ailleurs, si les représentants de Tereos à La Réunion poussent des cris d'orfraie à propos de la fin des quotas, le président du groupe à l'international considère, lui, que Tereos serait l'un des principaux bénéficiaires de la réforme.

Ainsi d'après ses calculs, la disparition des quotas va permettre à Tereos d'accroître ses volumes de production de betteraves sucrières de 20 % d'ici à 2017 et de pousser ses usines à leur maximum de production, en France ou ailleurs, en allongeant la durée de la campagne sucrière.

Tereos ne souffrira donc pas de la concurrence européenne, pas plus d'ailleurs que de celle des pays du Sud, car il est aussi présent au Mozambique, en Tanzanie, en Indonésie, en Chine et au Brésil. L'avenir, les actionnaires de Tereos l'envisagent donc bien sucré.

On ne peut pas en dire autant des petits planteurs et des travailleurs qui sont victimes de la rapacité de cette multinationale.

En effet, au fil des ans, les petites exploitations disparaissent et parfois leurs propriétaires se retrouvent sur la paille. Actuellement le nombre de planteurs de canne est de 3 473, contre 14 000 en 1977.

Dans le domaine de la transformation industrielle, la concentration a été similaire. Aujourd'hui il ne reste plus que deux usines, l'une dans le sud de l'île et l'autre dans l'est, toutes deux appartenant au groupe Tereos.

Le nombre des ouvriers agricoles et d'usine a suivi la même tendance à la baisse. À peine plus de 2 000 ouvriers agricoles travaillent de manière déclarée dans la production de cannes.

Leur nombre triple au moment de la campagne sucrière, du fait de l'embauche de coupeurs de cannes dont les deux tiers travaillent au noir, au vu et au su des autorités qui laissent faire la plupart du temps. L'année dernière, la direction du Travail et des agents de la Sécurité sociale avaient fait une descente dans les champs. Ils avaient épinglé pour travail dissimulé quelques planteurs dont la réaction ne s'est alors pas fait attendre. Ils ont manifesté devant la préfecture en demandant un moratoire de cinq ans, autrement dit qu'on les laisse libres d'exploiter les ouvriers dans des conditions contraires à la loi.

Payés à la tonne coupée, les coupeurs de cannes gagnent la plupart du temps moins que le smic. À La Réunion, 75 % des cannes sont encore coupées à la main dans des conditions éprouvantes.

Entre parenthèses, il est scandaleux d'entendre les patrons répéter à chaque campagne de coupe qu'il n'y a pas de main-d'œuvre, que les coupeurs ne veulent pas travailler, alors que leurs cannes sont bien coupées tous les ans !

Certains ont dans leurs garages des coupeuses mécaniques achetées à grand renfort de subventions. Ils préfèrent ne pas les utiliser car elles abîment les terrains et au final coûtent plus cher que la coupe manuelle.

Quant aux ouvriers d'usine, ils sont à peine mieux lotis. Leur nombre ne dépasse pas les 300, sauf pendant la campagne sucrière avec le recrutement des saisonniers. La politique de leurs patrons est comme partout de compresser les effectifs et d'instaurer la polyvalence, les conditions de travail se dégradent et les risques d'accident augmentent.

Heureusement, les ouvriers ne restent pas sans réagir et s'opposent régulièrement aux pressions de leur direction.

Il y a neuf ans, en septembre 2006, les travailleurs de l'usine de Bois-Rouge, qui se trouve dans l'est de l'île, s'étaient mis en grève une semaine pour des augmentations de salaire. Ils avaient alors bloqué la production et avaient ainsi obligé la direction de l'usine à lâcher un peu plus de 200 euros, primes comprises.

Plus récemment, c'est une partie des ouvriers agricoles du centre d'expérimentation et de recherche sur la canne à sucre, eRcane, qui s'étaient mis en grève, à deux reprises, pour des augmentations de salaire et de meilleures conditions de travail.

Cette entreprise est contrôlée par le groupe Tereos. Les ouvriers avaient bloqué l'accès à l'usine de Bois-Rouge, en pleine période de coupe, et avaient obtenu quelques petites avancées, bien minces au regard des millions qui sont brassés par les actionnaires de Tereos mais aussi par certains gros planteurs comme les Barau et autres Bédier, rejetons d'anciennes familles esclavagistes.

Dans l'industrie sucrière comme ailleurs, les patrons prennent prétexte de la crise pour imposer des conditions de travail de plus en plus difficiles, comprimer les salaires ou brandir des menaces de licenciements.

Il faut savoir qu'à La Réunion, sur une population de 850 000 habitants, il y a plus de 150 000 chômeurs. Soixante pour cent des jeunes de moins de 25 ans sont sans travail.

Et, pas plus que les autres travailleurs, ceux de l'industrie sucrière ne peuvent compter sur les partis politiques, y compris de gauche, pour que soit menée une politique qui s'en prendrait aux intérêts des capitalistes.

Le Parti communiste réunionnais non seulement ne se démarque pas de cette politique mais, pire, les propositions de ses dirigeants, en particulier du leader historique du parti, Paul Vergès, vont parfois au-delà de ce que demandent les capitalistes.

Par exemple, sous prétexte de sauver la filière canne, le sénateur Paul Vergès pense qu'il y a urgence à verser les millions promis par Hollande. Il propose que les communes, ainsi que la région, tenue par son rival de l'UMP, Didier Robert, fassent l'avance de cette somme aux heureux destinataires.

« Que sont ces 38 millions pour sauver des milliers de familles de coupeurs, de transporteurs, d'ouvriers d'usine ? C'est une somme raisonnable », s'est-il exclamé lors d'une récente conférence de presse, en prétendant abusivement que ces dizaines de millions serviraient aussi à améliorer l'ordinaire des ouvriers agricoles et d'usine. Pour justifier son appel à verser l'argent public par les collectivités locales, il a ajouté : « Les maires sont responsables de l'activité des familles des planteurs » et, si le département et la région participaient à ce « sauvetage », chacun à hauteur de 15 millions d'euros, il ne resterait que 8 millions à trouver pour les 24 communes de l'île, qui comptent 850 000 habitants, soit un effort de 10 euros par habitant et par an. Il a terminé sur ce cri du cœur : « Si vous faites ce geste de vous substituer exceptionnellement au président de la République et à l'Europe qui ont pris des engagements, alors nous assumerons l'aide à la filière canne. » Cette supplique du dirigeant historique d'un parti qui affiche encore l'étiquette « communiste » montre à quel point il mène une politique qui préserve les intérêts des exploiteurs et obscurcit la conscience des travailleurs.

Nous ne savons évidemment pas ce qu'il en sera après 2017, ce que les usiniers décideront ou pas.

Mais ce qui est sûr c'est que les travailleurs auront à se battre pour défendre leurs conditions d'existence.

Ils devront se battre pour que les profits accumulés par la classe des gros propriétaires terriens et usiniers, hier esclavagistes, et les actionnaires des multinationales d'aujourd'hui soient utilisés pour satisfaire les besoins de l'ensemble de la société.

Dans ce combat, ils auront en travers de leur route non seulement les nantis mais aussi tout le personnel politique de droite comme de gauche, dont la servilité à l'égard des capitalistes n'est plus à démontrer.

Aujourd'hui, c'est le PS au gouvernement qui accède avec empressement aux demandes des usiniers, comme ont pu le faire des gouvernements de droite.

Le PCR, qui fut le parti le plus important et qui fut très implanté dans la classe ouvrière comme dans les quartiers, a vu son influence décliner au cours des dernières décennies. Cela n'est pas sans rapport avec sa politique nationaliste de collaboration de classe et de soutien aux capitalistes locaux. Ce parti, qui a toujours le mot communiste dans son nom, désarme la conscience des travailleurs en justifiant et réclamant tous les soutiens aux grands patrons, au nom de la place que La Réunion doit occuper dans l'océan Indien.

La Réunion, petite île de 2 500 km2, perdue dans l'océan Indien, n'échappe pas au sort commun fait aux populations du monde par l'anarchie et les aberrations du système capitaliste.

Elle est un condensé de ces aberrations : les meilleures terres sont accaparées par une culture en surproduction sur la planète, les produits alimentaires de base sont importés depuis des milliers de kilomètres, faute de transports en commun l'île est engorgée d'automobiles au point qu'on ne peut plus circuler, du coup on ouvre un chantier pharaonique pour faire une route en pleine mer. Ce ne sont que des exemples et nous ne pouvons pas manquer de rappeler la situation sociale, le taux de pauvreté qui augmente en même temps que les fléaux qui en découlent : alcoolisme, criminalité, désocialisation d'une partie de la jeunesse, violences contre les femmes, entre autres.

Ce n'est pas en se rangeant derrière les descendants des esclavagistes, et plus généralement derrière les exploiteurs, pour une vision étriquée de l'avenir réunionnais, que les classes populaires pourront enrayer la descente vers la pauvreté et la misère sociale.

Pour les luttes d'importance que les travailleurs vont devoir mener, il manque un véritable parti communiste révolutionnaire qui se place résolument sur le terrain de la lutte de classe en affirmant que c'est aux capitalistes de payer.

23 mai 2015