Les drogues, fléaux et produits de la société capitaliste

Εκτύπωση
novembre 2023

Le développement de l’addiction aux drogues constitue un fléau qui marque de plus en plus l’actualité. Plusieurs quartiers populaires de Marseille ont été marqués par des assassinats liés au trafic de stupéfiants : 42 morts depuis le début de l’année. Des quartiers de villes du Sud-Est, devenues des succursales de Marseille, sont également touchés : notamment à Arles, Aix-en-Provence, Toulon, Martigues. À Nîmes, une médiathèque a été fermée parce qu’elle était devenue une plaque tournante du trafic. Ce ne sont que quelques exemples médiatisés, sur 4 000 points de deal comptés en France, auxquels s’ajoutent les Uber-shit et autres livraisons à domicile.

D’après l’ODFT (Observatoire français des drogues et des tendances addictives), en 2022, les consommateurs occasionnels ou réguliers de drogue sont entre 2 100 000 et 600 000 pour la cocaïne, 1 900 000 et 400 000 pour l’ecstasy et 500 000 pour l’héroïne. Quant au cannabis, il touche 5 millions de consommateurs, dont 1 300 000 réguliers et 900 000 quotidiens.

Face à un tel problème sanitaire, quelle est la politique du gouvernement français ? La répression. Car, dans le domaine du tout sécuritaire et de la chasse aux petits délinquants, la concurrence est rude entre la droite et l’extrême droite. Pour ne pas être en reste, Gérald Darmanin menace les consommateurs de sanctions : « Quand on fume son cannabis ou qu’on prend son rail de coke, on est un peu responsable des règlements de comptes » (BFM, 5 avril 2023).

En 2022, Emmanuel Macron, candidat à l’élection présidentielle, prône une dépénalisation de la détention en petite quantité du cannabis, afin de désengorger les tribunaux via une amende. Si les incarcérations pour simple consommation sont devenues l’exception, la course aux amendes représente une activité importante de la police. Ce type d’infractions vite réglées améliore le taux d’élucidation, sur lesquelles il peut atteindre 100 %. Cela constitue aussi autant de sources de tension, notamment dans les quartiers populaires. Ainsi, en 2021 il y a eu 106 000 AFD (amendes forfaitaires délictuelles), dont plus de 97 % concernaient le cannabis.

Le collectif Police contre la prohibition explique : « La répression des usagers n’est pas dissuasive […]. Policiers et gendarmes y consacrent un temps considérable sans aucun résultat global probant. Le coût des procédures pour ce délit en termes d’argent public est exorbitant. »

En effet, il est de 1,72 milliard d’euros, alors que le budget de prévention et de soins consacré aux victimes d’addictions est de 917 millions d’euros.

L’exemple du crack à Paris résume l’échec total de la politique de l’État : déplacés par la police d’un quartier à un autre, les drogués errent dans l’espace public et augmentent le sentiment d’insécurité des riverains. Alors que les spécialistes de santé et de prévention demandent la création de salles de consommation et d’espaces de repos pour les addicts au crack, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, à Lille en juin 2021, critique ces « salles où on se drogue » et ajoute : « La drogue ne doit pas être accompagnée mais combattue. »

La répression est d’autant plus mal vécue que les deux drogues les plus consommées, le tabac et l’alcool, sont légales alors qu’elles provoquent respectivement, pour 2019, 73 189 et 41 080 décès, contre 1 230 pour les drogues illicites. Le coût social du cannabis est d’un milliard d’euros, dont 56 % pour la police et la justice.

Cette politique aboutit à une aberration : la France, pays le plus répressif d’Europe, est le premier consommateur de cannabis.

C’est en s’appuyant sur ce constat que, le 23 janvier dernier, le CESE (Conseil économique, social et environnemental) s’est déclaré favorable à une légalisation encadrée du cannabis récréatif en France. C’est ce que revendiquent depuis des années, entre autres, l’ANPAA (Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie), Addictions France, et le collectif regroupé autour de la revue médicale SWAPS.

C’est la même démarche qui a conduit un certain nombre de pays à rompre avec la politique encore menée en France.

Dépénalisations et légalisations du cannabis en marche

Le gouvernement allemand vient de présenter un projet pour légaliser l’usage récréatif du cannabis dès 2024. Les consommateurs majeurs pourraient en posséder jusqu’à 25 grammes et en cultiver trois plants. Comme la loi sera rétroactive, ceux qui auront eu une condamnation pourront la faire retirer du casier judiciaire.

Ce changement de politique de la part du pays le plus peuplé d’Europe est un événement, mais il fait suite à une évolution plus générale. Plusieurs pays d’Europe ont déjà pris l’initiative de dépénaliser la consommation de cannabis, c’est-à-dire de renoncer à en punir l’usage sans en autoriser la vente, ou de la légaliser, en lui donnant un cadre légal à l’instar du tabac en France.

Le Portugal a dépénalisé, il y a vingt ans, la petite consommation privée de toutes les drogues sous certaines conditions, la vente étant toujours réprimée. Cet arrêt de la répression pour quelques grammes dans la sphère privée est entré de plus en plus dans les faits en Europe : en Espagne, en Italie, aux Pays-Bas, au Luxembourg, en République tchèque.

En Amérique du Sud, après les avoir dépénalisées en 1974, l’Uruguay autorise depuis 2013 la consommation, la culture et la vente du cannabis en quantités limitées. En 2018, le Canada a légalisé l’usage récréatif pour les adultes, l’usage médical l’étant déjà depuis 2001.

Mais c’est le processus engagé aux États-Unis qui a eu le plus d’impact à l’échelle mondiale. Alors que ce sont les USA qui sont à l’origine de la prohibition du cannabis en 1937, 41 de ses 50 États en ont déjà légalisé l’usage médical, et 19 l’usage récréatif pour les adultes.

S’appuyant sur l’exemple des États-Unis et du Canada, des partisans de la légalisation en France ont cherché à convaincre le gouvernement qu’il pourrait y trouver un avantage financier et fiscal.

Car le cannabis alimente un vaste business, qui représente 54 % du marché mondial des drogues illicites, estimé à 162 milliards de dollars par an, géré aujourd’hui par les cartels de la drogue. Récupérer une partie de cet énorme pactole aiguise les appétits. Fin juin 2023, s’est tenue à Berlin une conférence sur le commerce du cannabis. Elle regroupait 5 000 personnes venues de 80 pays. Les ventes mondiales légales de canabis estimées pour 2023 sont de 37 milliards de dollars, réalisées principalement aux États-Unis (81 %) et au Canada (12 % ).

Les cigarettiers cherchent à se diversifier et à compenser les pertes dues à la baisse de vente du tabac. Mais ce sont les alcooliers qui avaient ouvert la voie. Le patron du groupe américain de spiritueux Constellation Brands, connu pour la bière Corona, avait déboursé près de 4 milliards de dollars en 2018 pour entrer à concurrence de 38 % dans le capital de Canopy Growth. L’entreprise britannique DIAGEO (Bailey’s, Johnnie Walker, Smirnoff, Guinness) vise le marché des boissons faites à partir de cannabis. Heineken vend sa bière infusée au cannabis aux États-Unis.

Quant à Pernod Ricard, il scrute de près ce marché. Car, comme les cigarettiers, les alcooliers avancent leurs pions pour être dans la meilleure position possible lors de l’ouverture du marché du cannabis, ouverture qu’ils considèrent comme inévitable.

Cette implication des États et de grands groupes capitalistes dans la vente de drogue n’a rien de nouveau. Outre l’alcool et le tabac, cela a marqué au contraire une période importante du développement du capitalisme.

Les capitalistes, pionniers du trafic de drogue

Le développement du capitalisme, l’accumulation des profits et du capital au 19e siècle par les puissances occidentales se sont faits par la colonisation et l’ouverture des marchés à coups de canon. C’est par ces voies que les États capitalistes ont répandu les drogues, sources de profits.

L’opium est extrait du pavot. Ce produit hautement psychotrope a des effets sédatifs connus depuis l’antiquité comme antidouleur. C’est délibérément que la Compagnie britannique des Indes orientales a développé le commerce de l’opium et a mené deux guerres pour l’imposer en Chine. Cet immense pays refusait d’ouvrir son marché aux puissances occidentales. Dans la mesure où une petite élite chinoise consommait cet opium interdit dans le pays, les Britanniques, qui le produisaient en Inde, ont d’abord introduit en Chine l’opium en contrebande, via les triades, une mafia chinoise.

Ce trafic servit de cheval de Troie pour ouvrir tout le marché chinois. La réaction de l’empereur, qui fit détruire l’opium, fournit à l’État britannique un prétexte pour entrer en guerre contre la Chine, au nom de la liberté du commerce. Ce sera la première des deux guerres de l’Opium. L’empereur fut contraint de légaliser l’opium et d’ouvrir son pays au commerce. C’est sur l’opium que la banque HSBC (Hong Kong & Shanghai Banking) a constitué son capital et ses profits.

Dans L’accumulation du capital, publié en 1913, Rosa Luxemburg écrivait :

« L’ère de l’ouverture de la Chine à la civilisation européenne, c’est-à-dire à l’échange de marchandises avec le capital européen, fut inaugurée par la guerre de l’Opium, par laquelle la Chine fut contrainte d’acheter ce poison des plantations indiennes pour aider les capitalistes anglais à le monnayer […]. Au début du 19e siècle, le prix de l’opium avait tellement baissé qu’il devint bientôt un “objet de consommation du peuple”. En 1821 encore, 4 628 caisses d’opium étaient importées en Chine pour un prix moyen de 1 325 dollars, puis le prix tomba de 50 %, et en 1825 l’importation chinoise s’éleva à 9 621 caisses, en 1830 à 26 670 caisses ».

Pendant 130 ans, l’opium fut vendu en Chine, y créant une dépendance massive. En 1906, il y avait 13 millions d’opiomanes en Chine. Des millions de Chinois poussés par la pauvreté migreront vers les grands ports de Londres, Amsterdam ou San Francisco, apportant avec eux l’usage de l’opium. Par un effet boomerang, les États impérialistes ont récolté en retour, par cette diaspora, une diffusion de masse de la drogue dans les citadelles capitalistes.

En 1882, la France coloniale est présente en Indochine. Pour équilibrer son budget, à partir de 1882, l’État français achète de l’opium brut dans une manufacture au cœur de Saigon. La Régie de l’opium est créée. Cela va être copié par l’Espagne, la Hollande. L’industrie de l’opium va tourner à plein.

Au début du 20e siècle, l’usage de masse de la drogue, cumulé à celui de l’alcool, a poussé des États, dont les États-Unis, à instaurer la prohibition. Cependant, les États capitalistes ne se sont pas privés d’avoir recours à la drogue et aux réseaux de trafiquants quand cela servait leurs intérêts.

Pour débarquer en Sicile en 1943, les troupes américaines se sont servies des relations établies par leur gouvernement avec le boss de la mafia italo-américaine, le caïd de la drogue Lucky Luciano. La Sicile fut pratiquement livrée à la mafia qui, avec ses trafics en tout genre et la spéculation, créa une quasi-famine. Des militants communistes, des syndicalistes, de simples paysans qui avaient cherché à s’y opposer furent massacrés.

La CIA est également intervenue pour développer la production d’opium dans les bandes montagneuses d’Asie connues sous le nom de Croissant d’or (Iran, Afghanistan et Pakistan) et de Triangle d’or (Birmanie, Thaïlande et Laos). Ces zones étaient d’une importance stratégique pour les États-Unis car elles pouvaient servir de tampon contre l’expansion de la Chine et de l’URSS.

Depuis les différentes prohibitions, les drogues n’ont bien entendu pas disparu, mais elles sont passées dans d’autres mains, celles des mafias. Mais, sans le soutien des appareils d’État capitalistes, le trafic de drogue n’aurait jamais pris une telle ampleur. De Wall Street à la jungle colombienne, de Shanghai à Kaboul, cartels, mafias, banques, laboratoires pharmaceutiques, partis politiques sont nourris de ce trafic.

Une société délabrée ne peut se débarrasser de ses maux

Si les politiques de dépénalisation et a fortiori de légalisation du cannabis ont eu un certain effet, elles ont vite montré leurs limites. Le Portugal est le pays cité en modèle de la dépénalisation. Celle-ci a fait augmenter le nombre d’usagers du cannabis mais, avec 11,7 % des 15-34 ans, il reste bien inférieur aux 23,3 % en Europe, et le nombre des utilisateurs de drogues plus nocives n’a pas augmenté. Quant aux interpellations, elles ont considérablement baissé.

Mais le fléau des drogues persiste. Si le Portugal a mené une politique volontariste, faisant de la prévention et des soins un enjeu public (les usagers en infraction sont dirigés vers des soins), le nombre de personnes accueillies en traitement n’a cessé de baisser entre 2009 et 2018. Car la crise financière de 2008 a provoqué une réduction du budget de la santé et de la protection sociale, réduction qui se poursuit.

Pour les États qui ont légalisé, les taxes rapportées par le cannabis sont convoitées par les finances publiques endettées, au lieu de bénéficier à la santé.

Au Canada, qui a légalisé plus récemment, les associations craignent que, comme pour l’alcool, les intérêts commerciaux passent devant les questions sanitaires et sociales.

À en juger par les premières années suivant la légalisation dans l’État du Colorado, aux États-Unis, celle-ci a surtout amélioré les profits des capitalistes du cannabis. Sept millions de dollars ont été dépensés par les lobbies pour influencer le projet de loi. Mais les intérêts qu’ils représentaient se limitent à la mise en place d’une réglementation qui permette de vendre avec profit, quitte à ce que la santé publique en pâtisse. Effectivement, entre 2014 et 2019, le taux des hospitalisations liées au cannabis est passé de 1 418 à 3 515 pour 100 000 habitants.

En Californie, cinq ans après la légalisation, le marché noir se porte lui aussi comme une fleur et concurrence l’industrie légale, désavantagée par les taxes. Le chiffre d’affaires annuel de l’économie souterraine est de 8 milliards de dollars, contre 5,3 milliards pour le cannabis légal, chiffre qui place tout de même la Californie en tête du commerce réglementé.

Les décisions concernant les casiers judiciaires étaient très attendues dans les États qui ont légalisé. À San Francisco, 8 100 condamnations liées au cannabis ont été annulées en février 2019. Cette mesure a été vue par beaucoup comme une réparation faite aux Noirs, interpellés quatre fois plus souvent que les Blancs pour détention de cannabis.

Dans l’Illinois, 11 000 mesures d’amnistie ont été prononcées en décembre 2019. En octobre 2022, Joe Biden a décidé d’annuler toutes les condamnations fédérales pour simple détention de cannabis. Cependant, la répression risque de continuer pour les plus pauvres, qui continueront de s’approvisionner au marché noir pour ne pas payer les 10 à 15 % de taxes sur les produits réglementés. Selon l’ACLU (Union américaine des libertés civiles), contrairement à l’objectif revendiqué par ses partisans, la légalisation du cannabis dans l’État de Washington n’a pas réduit les disparités raciales dans les interpellations, et les a même accrues en 2020.

Aujourd’hui, certains pays limitent la consommation du cannabis à des sphères collectives comme les coffee-shops. Mais la loi du profit s’exercera. La vente du tabac en France, contrôlée par l’État, n’empêche pas les surprofits des cigarettiers.

Dans une société où les appareils d’État soutiennent avant tout les intérêts de leur bourgeoisie, il ne peut en être autrement.

La vente libre du cannabis dit récréatif va sans doute augmenter et être banalisée. Mais cela ne changera pas le fait que c’est une drogue. Le choix du terme « récréatif » dissimule d’ailleurs la réalité. Car, comme dans le cas de l’alcool par exemple, une consommation passagère ne doit pas cacher la véritable addiction, qui provoque des risques sur la vigilance, la conduite automobile, la capacité de concentration et devient particulièrement dramatique par ses conséquences cérébrales, sur les plus jeunes en particulier.

Le problème sanitaire posé par l’addiction aux drogues et la souffrance humaine qu’elles provoquent ne peut se régler qu’avec une mobilisation de moyens humains, de médecins, d’infirmières, de psychologues et une mobilisation consciente de la population elle-même.

Ce n’est pas la priorité des États capitalistes comme la France. On ne peut avoir un budget militaire de 413 milliards pour préparer des guerres, verser des milliards à la grande bourgeoisie et se préoccuper de l’état sanitaire de la population.

Les moyens pour la prévention et les soins liés aux drogues illicites sont aussi restreints que ceux pour ceux liés à l’alcool et au tabac. Les taxes sur l’alcool rapportent 3 milliards d’euros par an, alors que le coût des soins nécessités par l’alcool s’élève à 7,7 milliards ! Le budget pour lutter contre le tabac est de 140 millions, alors que les taxes sur les cigarettes rapportent 14 milliards d’euros !

Ces chiffres, très symboliques, concernent toutes les addictions. Le strict nécessaire manque pour détecter les comportements addictifs, suivre et soigner les malades, pour éduquer, prévenir les plus jeunes à l’école. Les associations qui luttent contre toutes les addictions, légales ou pas, mettent en permanence leurs besoins en avant : centres de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie, structures de désintoxication spécialisées, comme il en existe pour l’alcoolisme, salles de consommation à moindre risque, consultations pour jeunes consommateurs. Aujourd’hui, la consommation de cannabis conduit à la prise en charge de 5 000 usagers dans les CSAPA (centres de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie) et de 24 000 jeunes dans les CJC (consultations jeunes consommateurs). Il faut y ajouter tous les besoins en suivi psychiatrique, dans une période où cette discipline est devenue le parent pauvre de la santé.

Ce sont pourtant des campagnes de prévention et de protection de la population qui ont permis d’interdire de fumer dans tous les lieux publics depuis le 1er février 2007 et ont contribué à faire baisser la consommation de tabac. C’est la prévention qui permet de sensibiliser aux dangers de l’alcool et en a fait baisser la consommation.

Une prévention digne de ce nom supposerait de contrôler l’utilisation des milliards de taxes publiques pour les consacrer à la lutte contre ces fléaux. Une société dans laquelle le bien-être de l’homme serait la priorité aurait à cœur de tout mettre en œuvre pour que diminue le nombre des hommes et des femmes affectés par ces maladies.

Prévenir, c’est surtout se prémunir du capitalisme

L’addiction est une maladie, mais une maladie dont les déterminants sont sociaux bien avant d’être physiques. L’alcoolisme, la toxicomanie et de plus en plus l’addiction aux substances médicamenteuses se nourrissent de l’angoisse du lendemain, des rythmes de travail et de vie insoutenables, de la mise en concurrence au travail et des pressions répétées qui minent une grande partie de la population laborieuse, parmi laquelle de très nombreux jeunes.

Le sentiment d’impuissance et de désespoir devant l’inhumanité de la société pousse à la recherche de paradis artificiels, qui ne sont paradisiaques que le temps d’un plaisir fugitif, suivis de l’enfer du manque.

Ne plus considérer les consommateurs comme des délinquants pourrait faire cesser toutes les formes de répression et de harcèlement qui visent souvent les plus jeunes. C’est pourquoi les communistes révolutionnaires ne peuvent qu’y être favorables.

La lutte contre les drogues, légales ou pas, contre l’alcoolisme, contre toutes les aliénations a été l’une des préoccupations majeures du mouvement ouvrier. Pas au nom de la morale, mais parce que la lutte contre l’exploitation, pour l’émancipation, nécessite une pleine conscience, alors que les addictions provoquent une perte de contrôle, une altération de la conscience.

La compréhension et la prise de conscience des moyens de renverser la barbarie capitaliste peuvent être des stimulants d’une tout autre efficacité, car ils sont porteurs d’idéaux et d’espoirs collectifs puissants.

Dans sa quête de profits, le capitalisme se nourrit de tout, même du plus nuisible, des engins de mort aux produits toxiques, pourvu que ça rapporte ! C’est bien le signe de son pourrissement. C’est pourquoi la prévention ne peut être que radicale, par un changement profond de la société, qu’il faut remettre sur ses pieds, faire fonctionner d’abord au service de l’humanité.

Pour paraphraser Marx, quand la société est une vallée des larmes, les exploités ont besoin d’opium pour supporter leur vie… sauf s’ils se battent pour la changer.

Le 23 octobre 2023