L’attaque contre Israël déclenchée par le Hamas le 7 octobre, si elle a fait très vite remonter la tension au Moyen-Orient, n’a évidemment pas de quoi surprendre. Elle a été précédée par la radicalisation du gouvernement israélien, en particulier depuis l’arrivée en son sein de nouveaux ministres d’extrême droite, appelés par Netanyahou pour réussir à se constituer une majorité.
Les opérations de répression, les provocations contre les Palestiniens ont déjà amené à plusieurs reprises des ripostes armées du Hamas, qui cherche ainsi à s’affirmer comme l’organisation combattante qui les représente et les protège. En fermant tout espoir d’une évolution quelque peu favorable de la situation des Palestiniens, ce gouvernement israélien, comme ceux qui l’ont précédé, ne pouvait que provoquer tôt ou tard une réaction en retour.
La politique de Netanyahou est une impasse pour le peuple israélien, comme celle du Hamas en est une pour le peuple palestinien. Mais le conflit qui oppose les deux peuples depuis des décennies ne se réduit pas au seul conflit entre deux nationalismes pour un territoire contesté. Il s’insère dans l’ensemble des conflits du Moyen-Orient. Avivés durant tout le 20e siècle par les interventions impérialistes, ces conflits ont fait de la région un point chaud de la planète et entretenu une situation explosive bien au-delà du seul conflit israélo-palestinien.
Si l’Empire ottoman avait pendant des siècles été le cadre d’une coexistence relative entre de nombreux peuples de langues et de religions différentes, la Première Guerre mondiale a entraîné son écroulement, suivi de son dépècement par les grandes puissances impérialistes, pour lesquelles le contrôle du Moyen-Orient revêtait une importance stratégique. À cela s’est ajoutée, pour aiguiser leurs appétits, la présence d’une matière première aussi importante que le pétrole.
À partir de 1918, sous couvert d’un mandat de la Société des nations (SDN), la France et la Grande-Bretagne, puissances coloniales, ont tracé au Moyen-Orient des frontières à leur convenance, tout en réprimant férocement les sentiments nationaux des populations. Parallèlement, l’impérialisme anglais a favorisé l’immigration juive en Palestine comme un moyen d’y faire contrepoids à la montée du nationalisme arabe. L’instrument de cette entreprise a été le mouvement sioniste, et en son sein de nombreux militants inspirés par les idéaux socialistes. Cependant, ce « socialisme », symbolisé par le caractère collectif d’exploitations agricoles telles que les kibboutz, se voulait exclusivement juif. En écartant et souvent en expulsant les populations arabes présentes, il se résumait à une entreprise de colonisation qui les spoliait et méprisait totalement leurs aspirations.
La création de l’État d’Israël
Après la Deuxième Guerre mondiale et l’extermination de millions de Juifs, le mouvement a pris un caractère plus massif, nombre de rescapés voyant dans l’émigration en Palestine le moyen d’échapper à une société européenne qui les avait rejetés, et de construire un État qui soit vraiment le leur. Ce droit pouvait leur être reconnu, mais l’instrumentalisation de leurs aspirations permit aux dirigeants sionistes de les utiliser comme troupes, non seulement pour engager la lutte contre le colonisateur britannique de la Palestine, mais ensuite pour édifier un État, l’État d’Israël, qui se définissait dès le départ comme un État juif. Après que les milices sionistes eurent chassé du territoire une grande partie des populations arabes, les transformant pour des années en réfugiés, les Arabes restés dans les frontières d’Israël devinrent des citoyens de second ordre. Ils avaient moins de droits que n’importe quel citoyen juif arrivant d’Europe ou d’Amérique puisque, au nom de la loi du retour, ceux-ci se voyaient reconnaître le droit de s’installer dans le pays et d’en acquérir la citoyenneté.
Alors que les aspirations à sortir de leur condition étaient bien présentes parmi les populations pauvres du Moyen-Orient et que celles-ci étaient secouées par des révoltes, les dirigeants sionistes préféraient ainsi leur tourner le dos. Non seulement était ainsi perdue une occasion historique de fondre les aspirations des rescapés des camps et celles des masses pauvres de la région dans une même lutte contre l’impérialisme, mais le nouvel État allait se montrer à son tour un instrument d’oppression au service de l’impérialisme.
La Grande-Bretagne ayant remis son mandat à l’ONU en février 1947, celle-ci vota le partage de la Palestine entre un État juif et un État arabe, en accord avec toutes les grandes puissances, y compris l’URSS de Staline. Les deux parties ayant refusé ce partage, une première guerre entre les milices sionistes et les États arabes voisins eut lieu après la proclamation l’État d’Israël, le 14 mai 1948, et fut l’occasion de l’agrandir et de le faire reconnaître par les grandes puissances. L’État arabe palestinien envisagé, lui, n’allait pas voir le jour, la Cisjordanie et Gaza restant occupées respectivement par la Jordanie et l’Égypte.
Le départ des puissances colonisatrices se traduisait au Moyen-Orient par l’installation d’États tels que le Liban, la Syrie, l’Irak, la Jordanie, l’Arabie saoudite et d’autres. Instruments des bourgeoisies et féodalités locales et de leurs rivalités, ils donnaient à l’impérialisme le moyen de continuer à dominer la région en jouant sur leurs divisions. S’il en était fondamentalement de même de l’État d’Israël, les conditions de sa création pouvaient en faire un allié plus spécifique de l’impérialisme et celui-ci allait le vérifier rapidement.
Dans les années suivant la Deuxième Guerre mondiale, la plupart des États arabes virent l’installation de gouvernements nationalistes cherchant à s’opposer à la pression de l’impérialisme. Mais quand en 1956 l’Égypte de Nasser décida de nationaliser le canal de Suez, elle se heurta à une intervention militaire de la France et de la Grande-Bretagne avec pour allié Israël. Les deux puissances durent finalement reculer sous la pression des États-Unis et de l’URSS, mais l’occasion de prendre le relais était donnée à l’impérialisme américain, qui venait de vérifier combien Israël pouvait être pour lui un allié utile et fiable.
Un instrument contre le nationalisme arabe
La guerre suivante, en 1967, vit ainsi Israël affronter la Syrie et l’Égypte, affaiblissant leurs gouvernements nationalistes, à la satisfaction de l’impérialisme et avec le soutien de tous ses dirigeants. La guerre de 1967 se conclut par l’occupation militaire de la Cisjordanie, de Gaza et de Jérusalem-Est, poussant un nouveau flot de réfugiés vers les pays arabes voisins. Elle marqua aussi le choix des dirigeants d’Israël de s’ancrer pour longtemps dans le camp impérialiste. Mais en ayant mené cette guerre, en ayant chassé de nouveau des centaines de milliers de Palestiniens, en choisissant de coloniser de nouveaux territoires, ils se créaient encore de nouveaux ennemis. En même temps, ils installaient profondément dans la population israélienne le sentiment d’être une population assiégée, n’ayant d’autre choix que de s’allier à l’impérialisme pour faire face à un environnement hostile.
C’est cette situation qui faisait d’Israël le soutien le plus sûr des puissances impérialistes dans la région. Même si les États arabes ou l’Iran du chah pouvaient aussi être un soutien, leur alliance était bien moins fiable, du fait de leur instabilité politique et des pressions contraires de leur population, comme cela allait se vérifier à plusieurs reprises. Parfois en leur faisant la guerre, et en tout cas en faisant peser sur eux une menace militaire permanente, Israël a montré combien il était un instrument utile à l’impérialisme pour assurer sa domination sur la région.
La situation créée par la guerre de 1967 a entraîné parmi les Palestiniens le début d’une radicalisation révolutionnaire qui aurait pu inverser le cours de l’évolution. Le discrédit des dirigeants arabes suite à leur défaite militaire poussa les Palestiniens du côté d’organisations nationalistes de plus en plus radicales. Le soutien de plus en plus visible que leur apportaient les masses populaires des pays voisins devint un facteur de déstabilisation mettant en danger les pouvoirs politiques, si bien que la première répression violente qu’eurent à affronter les Palestiniens vint des États arabes. Au cours du Septembre noir de 1970, l’armée du roi de Jordanie écrasa les milices constituées dans les camps de réfugiés, devenues gênantes pour son pouvoir. Puis en 1975 la guerre civile fut déclenchée au Liban par l’offensive des milices de l’extrême droite phalangiste contre les Palestiniens des camps, dont la mobilisation rencontrait un écho grandissant parmi les masses libanaises elles-mêmes.
C’est au cours de ces crises que les limites politiques du nationalisme palestinien, même le plus radical, ont été les plus visibles. L’écho rencontré à l’échelle du monde arabe lui donnait une occasion historique d’aller au-delà de ses objectifs proprement palestiniens et de se faire l’expression des aspirations des masses à en finir avec l’oppression et à secouer la tutelle de l’impérialisme relayée par les régimes arabes. Mais l’objectif des dirigeants palestiniens, et en particulier du Fatah de Yasser Arafat et de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), n’était ni la révolution sociale, ni même une révolution nationale panarabe qui aurait englobé les différents États et abattu les frontières établies artificiellement par la colonisation. Il était au contraire, en respectant cette division, de tenter d’obtenir le soutien de ces régimes et, au-delà, de l’impérialisme, pour qu’il soit reconnu à la bourgeoisie arabe palestinienne le droit d’avoir son propre État, fût-ce sur un territoire nécessairement très restreint. Faute de vouloir être l’interprète des aspirations révolutionnaires des masses arabes, le nationalisme palestinien devait alors se faire le complice de leur répression. Mais par là même il perdait aussi une grande partie de ses atouts.
À la répression par les régimes arabes a fait suite la répression menée par le régime israélien lui-même, notamment lors de l’expédition militaire de juin 1982 qui a mené son armée jusqu’à Beyrouth, pour y affronter les milices palestiniennes installées dans les camps de réfugiés et tenter de briser l’OLP. Le Fatah, l’OLP et Arafat n’eurent une nouvelle chance que lorsque, à partir de 1987, une nouvelle vague de révolte, l’Intifada, secoua les masses palestiniennes, et en particulier la jeunesse. Les difficultés du régime israélien à rétablir l’ordre par la répression conduisirent aux accords d’Oslo de 1993-1995, par lesquelles il laissait à l’OLP un embryon de pouvoir sous la forme de l’Autorité palestinienne. Celle-ci était en fait chargée de collaborer avec l’État israélien pour tenir en respect les masses de Cisjordanie et de Gaza, en agitant l’espoir lointain d’une solution politique qui aurait mis fin à l’occupation
La suite a montré que le régime israélien n’était même pas prêt à laisser la bourgeoisie palestinienne disposer sur son petit territoire d’un État ayant quelques prérogatives réelles. L’hypothèse d’un refroidissement du conflit par le biais d’une solution « à deux États » a fait long feu, fondamentalement parce que la politique de l’impérialisme et de son protégé Israël ne lui a pas laissé d’espace. En Israël, le choix de cette politique agressive doublée de colonialisme a fourni le terreau pour le développement de tendances de plus en plus réactionnaires, ultranationalistes, intégristes religieuses juives, ouvertement racistes ou prônant l’expulsion de tous les Arabes. Les gouvernements de la gauche travailliste ayant encouragé ces tendances ou y ayant cédé, l’évolution a été vers des gouvernements de plus en plus à droite. Elle a installé la population israélienne elle-même dans la situation d’une population mobilisable en permanence pour faire la guerre à ses voisins. Cette radicalisation droitière des gouvernants les a encore poussés à écarter tout véritable compromis avec les dirigeants palestiniens.
Les accords d’Oslo n’ont été qu’un intermède éphémère, se traduisant par la création d’une Autorité palestinienne rapidement discréditée. Cela a entraîné le développement parmi les Palestiniens de tendances radicales d’un nouveau type, rompant avec le nationalisme plus ou moins progressiste de l’OLP, prônant la lutte armée pour la destruction d’Israël, souvent intégristes islamiques. Le Hamas offre l’exemple d’une organisation islamiste, favorisée au départ par les dirigeants israéliens pour contrer l’influence des organisations nationalistes, mais qui n’a gagné de l’influence qu’en radicalisant progressivement son discours et ses actions contre Israël.
À Gaza, l’impossibilité pour les dirigeants israéliens de contrôler la situation les a amenés en 2005 à mettre fin à l’occupation du territoire, mais seulement pour la faire suivre d’un blocus militaire et économique permanent, maintenu en collaboration avec l’Égypte, et qui allait aggraver continuellement la situation de la population. Le retour prévisible de cette politique a été en 2007 la prise du pouvoir sur le territoire par le Hamas qui, à plusieurs occasions, a voulu asseoir son image d’organisation combattante par ses tirs de roquettes visant Israël. La réponse des dirigeants israéliens a été non seulement le maintien du blocus, mais des guerres successives contre Gaza, notamment en 2008-2009 et en 2014, et des opérations de répression menées quel qu’en soit le prix pour la population civile. Le but affiché de « briser le Hamas » devait être sans cesse renouvelé, car ces opérations ne faisaient qu’éveiller de nouvelles vocations combattantes.
Un conflit entretenu par l’impérialisme
Toute l’histoire du conflit israélo-palestinien est ainsi marquée par une radicalisation des deux camps, dans une fuite en avant qui les enfonce dans un conflit sans fin. Mais l’absence de solution n’est pas due à une supposée incompatibilité historique entre la population juive et les populations arabes, qu’elles soient d’ailleurs musulmanes ou chrétiennes, car il y avait et il y a place au Moyen-Orient pour tous ces peuples. À chaque étape du conflit, l’influence de l’impérialisme a été déterminante, notamment pour encourager le jusqu’au-boutisme de l’État d’Israël, de ses dirigeants et de leurs tendances les plus réactionnaires, et pour lui donner tous les moyens de s’armer. Sauf à de rares et courts moments, les dirigeants impérialistes n’ont rien fait pour pousser à des solutions de compromis, alors qu’ils en auraient eu tout à fait les moyens, ils ont au contraire couvert toutes les exactions du régime israélien.
On peut trouver à cette politique des raisons, dont la puissance des lobbies pro-israéliens aux États-Unis, ou même dans des pays impérialistes comme la France, dont le rôle est aujourd’hui bien plus marginal, qui rendent politiquement difficile de faire pression sur les dirigeants d’Israël. Mais ces raisons circonstancielles recouvrent une raison bien plus fondamentale. Elle est que l’impérialisme a intérêt à la permanence de ce conflit, qui lui permet de continuer à disposer d’un allié obligé comme Israël, fiable et disposant d’une armée puissante équipée par ses soins, pour l’aider à contrôler la région moyen-orientale et menacer tous ceux qui seraient tentés de secouer sa tutelle.
L’impérialisme a d’autant plus besoin du maintien de ce conflit que sa politique a provoqué et aiguisé au cours des années toute une série de crises, au-delà du seul conflit israélo-palestinien. La révolution iranienne de 1979 a amené au pouvoir le régime de la République islamique, qui a cherché à secouer sa tutelle et a subi en retour des sanctions et des guerres. Les tentatives analogues de l’Irak de Saddam Hussein et de la Syrie d’Assad leur ont valu des interventions impérialistes et des bombardements israéliens. Une conséquence de ces interventions a été aussi le développement de milices, comme celles de l’État islamique en Syrie et Irak, ou celle du Hezbollah au Liban, déstabilisant ces pays et amenant de nouvelles interventions militaires.
Cette instabilité et ces crises ne sont pas seulement la conséquence de la domination de l’impérialisme sur la région, elles lui fournissent aussi les occasions et les moyens d’y intervenir pour la maintenir. Même s’il se présente parfois comme le pompier qui voudrait éteindre l’incendie, il s’agit d’un pompier pyromane et d’un incendiaire. Comme pour d’autres points chauds sur la planète, et plus que pour bien d’autres, l’impérialisme a toutes les raisons de maintenir les conflits du Moyen-Orient sans les régler, d’y entretenir le feu et de fournir de quoi l’alimenter, ne serait-ce que sous forme de livraisons d’armes. La multiplicité des conflits laisse aussi ouvertes toutes les possibilités d’aller vers une généralisation de la guerre.
Le conflit dans lequel sont enfermées les populations israélienne et palestinienne montre à quelle impasse mènent les nationalismes bourgeois à l’époque de l’impérialisme déclinant. S’il pouvait leur rester quelque espace pour se développer, dans une région comme le Moyen-Orient cet espace s’est réduit à rien et les conflits sans fin et sans solution dont elle est le théâtre en sont le témoignage. Plus que jamais, la seule voie pour les peuples est de se donner les moyens d’en finir avec la domination impérialiste, avec les régimes qui en sont les vecteurs, avec les frontières qui les divisent. La seule force pouvant accomplir cette tâche est le prolétariat, s’il passe outre à ses divisions nationales. Le seul moyen d’en finir avec les guerres permanentes et le sous-développement chronique est la révolution prolétarienne, pour aboutir à une fédération socialiste des peuples du Moyen-Orient et du monde.
13 octobre 2023
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A lire ou à relire : nos brochures du Cercle Léon Trotsky sur le Moyen-Orient
Lutte ouvrière organise régulièrement à Paris des réunions du Cercle Léon Trotsky, au cours desquelles sont exposées ses positions sur de nombreuses questions politiques du passé et du présent. Ces exposés sont édités sous forme de brochures, dont la liste complète est disponible sur le site de Lutte ouvrière à l’adresse : www.lutte-ouvriere.org/publications/
CLT. Prix : 2 €.
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Les Palestiniens : histoire d'un peuple qui a Israël pour adversaire et les États arabes comme ennemis (CLT n°2, 25 novembre 1983)
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L'impérialisme français au Moyen-Orient (CLT n°20, 24 octobre 1986)
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De la guerre des pierres à un État Palestinien (CLT n°58, 8 octobre 1993)
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Israël : comment le sionisme a produit l'extrême droite (CLT n° 67, 2 février 1996)
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Israël-Palestine : comment l'impérialisme, en transformant un peuple en geôlier d'un autre, a poussé les deux dans une impasse tragique (CLT n° 109, 1er février 2008)
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Moyen-Orient : la barbarie des djihadistes et celle de l’impérialisme (CLT n°137, 14 novembre 2014)