En affirmant qu’il ne fallait pas exclure l’envoi de troupes occidentales en Ukraine, que les Européens ne devaient pas être lâches face à Poutine qui, s’il gagnait la guerre en Ukraine, menacerait toute l’Europe, Macron a suscité des inquiétudes dans les classes populaires. Au-delà des propos d’un politicien en campagne électorale, où va la guerre en Ukraine ? Celle-ci peut-elle s’étendre à l’Europe ? Quels enjeux se cachent derrière les discours des dirigeants européens qui prétendent faire basculer le continent dans une « économie de guerre » ?
Les États-Unis et, derrière eux, la France et les États européens font déjà la guerre à la Russie par procuration. Il y a une répartition des rôles : l’Ukraine fournit la chair à canon, et les puissances impérialistes occidentales les armes. Malgré les livraisons d’armes occidentales, les pertes humaines considérables et les rafles qui se généralisent dans le pays pour fournir le front en chair fraîche alors que des hommes en âge de se battre fuient la réquisition, les troupes ukrainiennes sont incapables de reconquérir les territoires occupés dans l’est du pays. En face, affichant le même mépris pour la vie des soldats et s’appuyant sur un appareil militaro-industriel hérité du passé mais centralisé et vaste, Poutine n’a pas réussi à conquérir l’Ukraine mais occupe quelque 20 % de son territoire.
Cette situation est instable et peut évoluer de plusieurs façons. Sans même parler d’une révolte – dont aucune prémisse n’est apparente – des classes populaires russes et ukrainiennes refusant les sacrifices que leurs gouvernements leur imposent, le front peut s’effondrer du côté de l’Ukraine, incapable d’aligner autant de soldats que la Russie. L’évolution de la guerre dépend des choix que feront les deux principaux protagonistes, Poutine d’un côté, et les dirigeants de l’impérialisme américain, parrains de Zelensky, de l’autre. Chacun, avec ses contraintes et ses objectifs, peut chercher à intensifier la guerre ou, au contraire, chercher à trouver une issue négociée, peut-être déjà en discussion, qui satisfasse les deux camps. Pour assurer son pouvoir, Poutine doit apparaître comme un protecteur efficace des intérêts de la bureaucratie et des oligarques russes. Du côté des dirigeants américains, une victoire complète en Ukraine n’est pas vitale, leur domination sur cette ancienne république soviétique faisant partie des multiples opérations permettant à l’impérialisme le plus puissant de maintenir sa suprématie et de développer les affaires de ses capitalistes. S’ils ont eu jusqu’à présent toutes les raisons de poursuivre une guerre menée avec la peau des Ukrainiens, un changement du rapport de force pourrait les pousser à trouver un accord qui gèlerait les frontières sur les lignes de front actuelles. Pour les prochains mois, les choix américains sont en outre conditionnés par la rivalité entre Trump et Biden, et, derrière eux, les appareils politiques du Parti républicain et du Parti démocrate, pour accéder à la Maison-Blanche.
Dans cette affaire, Macron et les dirigeants européens ne sont que des seconds couteaux, obligés de s’adapter à la situation engendrée par la guerre en Ukraine pour défendre les intérêts de leurs capitalistes respectifs.
Poutine réagit aux pressions de l’impérialisme
L’offensive de Poutine contre l’Ukraine en février 2022 était une réaction prévisible aux pressions grandissantes des puissances impérialistes pour prendre le contrôle, économique et politique, des pays issus de l’éclatement de l’Union soviétique. Si Poutine a déclenché l’invasion, les puissances impérialistes ont provoqué l’enchaînement qui l’y a poussé. Entre 1999 et 2004, les anciennes Démocraties populaires et les trois États baltes ont intégré l’OTAN, cette alliance militaire dirigée par les États-Unis. L’OTAN dispose désormais de nombreuses bases militaires, de milliers de soldats, d’avions, de canons, de tanks, aux frontières mêmes de la Russie.
En février 2014, après les événements du Maïdan, le renversement du président pro-russe Ianoukovitch et deux décennies d’oscillations entre la Russie et l’Occident, l’Ukraine a fini par basculer du côté occidental. L’alignement immédiat du nouveau pouvoir ukrainien derrière l’impérialisme américain a poussé Poutine à passer à l’offensive pour défendre les intérêts des privilégiés russes, au profit de qui il avait restauré, dans les années 2000, un appareil d’État puissant. La russophobie active des nouveaux dirigeants de Kiev a servi de prétexte au rattachement de la Crimée à la Russie et à la sécession du Donbass pro-russe. À partir de 2014, les États-Unis ont pris en main l’armée ukrainienne, la finançant massivement, lui fournissant armes, drones, munitions, formant et encadrant soldats et officiers. Le New York Times vient de rendre public ce qui était caché au grand public : la CIA disposait depuis 2014 de douze bases en Ukraine, aux frontières avec la Russie.
Cette mainmise politique et militaire des États-Unis sur l’Ukraine accompagnait une mainmise économique des financiers occidentaux sur les riches terres agricoles ukrainiennes, sur les entreprises clés encore étatisées, la grande distribution, le secteur bancaire et d’autres industries. La guerre en cours accélère la transformation de l’Ukraine en une semi-colonie du capital occidental.
Depuis dix ans, la politique de Poutine en Ukraine est donc une réaction de défense du chef des bureaucrates russes, pour ne pas laisser la bourgeoisie des pays impérialistes les réduire à la portion congrue. En dépit de leur brutalité et de la dictature qu’ils exercent contre leur propre population, Poutine et ses généraux ne menacent pas « la sécurité de l’Europe », pour reprendre la formule de Macron. À l’inverse, ce sont plutôt les puissances impérialistes qui apparaissent comme une menace pour la sécurité de l’État russe. Ce qui est d’ailleurs le cas pour celle de tous les États de la planète qui, sans être eux-mêmes des puissances capitalistes développées, ont les moyens démographiques, militaires, économiques de ne pas se soumettre purement et simplement aux diktats et aux intérêts des maîtres du monde capitaliste.
États-Unis : les limites de la guerre avec la peau des Ukrainiens
Au début de la guerre, les dirigeants occidentaux étaient prudents. Macron s’exclamait alors : « Il ne faut pas humilier la Russie », et prétendait jouer les médiateurs. Les dirigeants occidentaux répétaient : « Il n’est pas question de déployer des troupes de l’OTAN » (secrétaire général de l’OTAN, mars 2022), car « Nous ne sommes pas en guerre avec la Russie » (Macron, 2 mars 2022). Ces dirigeants prétendaient avoir des lignes rouges infranchissables : « pas de livraison de chars », puis « pas de livraison d’avions de combat ». Ils ont franchi ces lignes rouges les unes après les autres.
Aujourd’hui, malgré leurs dénégations, tous les pays qui livrent des armes à l’Ukraine ont des formateurs et des conseillers militaires sur place. La déclaration de Macron a eu le mérite de lever le voile sur cette présence. S’ils ne rendent public aucun chiffre, les États-Unis disposent de plusieurs milliers de ces conseillers militaires. Comme le formule un haut fonctionnaire américain, cité par le New York Times : « Est-ce qu’ils appuient sur les gâchettes ? Non. Est-ce qu’ils contribuent au ciblage ? Absolument. » Aux conseillers militaires, il faut ajouter les agents de la CIA. Dans l’article déjà cité du New York Times, on apprend que sous la présidence de Trump, qui affirme pourtant aujourd’hui vouloir retirer les forces américaines d’Europe, les effectifs des bases de la CIA en Ukraine ont été multipliés par dix.
Mais des conseillers militaires, même très nombreux, ne remplacent pas des soldats en première ligne capables d’appuyer sur les gâchettes. Or les difficultés de Zelensky et de l’appareil d’État ukrainien à remplacer les troupes mises hors de combat en première ligne, ou épuisées après deux ans de guerre, sont de plus en plus évidentes. La corruption ne frappe pas que l’armée russe. Les ventes de passe-droits pour éviter l’enrôlement aux enfants des privilégiés et l’enrichissement trop visible des profiteurs de guerre ont conduit Zelensky à limoger un grand nombre de ministres et de hauts gradés ces derniers mois. Cette corruption à grande échelle, comme les rafles des agents recruteurs, contribuent à dresser la population la plus modeste contre cette guerre et ceux qui en profitent.
La crainte d’un effondrement du front dans les prochains mois préoccupe les états-majors occidentaux. « Sans l’aide américaine, un effondrement en cascade le long du front est possible cette année », alertait un officier américain cité par le New York Times à la mi-mars. Cette crainte est désormais relayée dans les médias grand public, surtout sous l’angle de la faiblesse des livraisons d’armes et de munitions occidentales à l’Ukraine. Cette campagne médiatique est en partie destinée à justifier l’accélération de la production d’armes et le passage de l’Europe à une « économie de guerre » dont Macron et la plupart des dirigeants européens se font les champions. Elle est également destinée à peser sur les discussions qui se déroulent au sein même de l’appareil d’État américain, sur fond de la campagne présidentielle où Trump et le camp républicain font campagne sur le thème « Le Maine avant l’Ukraine » et sur l’opportunité de poursuivre l’aide américaine à l’Ukraine.
Les hésitations américaines sur fond de campagne présidentielle
Dans un article de la revue du département d’État, Foreign Affairs, intitulé « Espionnage et art politique », le directeur de la CIA, William J. Burns, plaide pour le maintien de l’aide américaine. À ceux, du côté des républicains, qui affirment que l’aide militaire à l’Ukraine coûte trop cher et envisagent un repli, il répond : « Représentant moins de cinq pour cent du budget de défense américain, il s’agit d’un investissement relativement modeste, avec des retombées géopolitiques importantes pour les États-Unis et des retombées notables pour l’industrie américaine. » Il ajoute : « Maintenir le flux d’armes placera l’Ukraine dans une position plus forte si une opportunité de négociations sérieuses se présente. Si les États-Unis se retiraient du conflit à ce moment crucial et cessaient leur soutien à l’Ukraine, ce serait une erreur historique. » Le chef de la CIA considère que les retombées politiques et matérielles pour les capitalistes américains valent bien quelques dizaines de milliards de dollars, l’État américain n’ayant pas, à ses yeux, de comptes à rendre pour les centaines de milliers de victimes russes ou ukrainiennes ou pour la destruction de tout un pays.
Pour les États-Unis, la guerre en Ukraine et la rivalité avec la Russie de Poutine ne sont que l’un des nombreux points chauds dans leur lutte permanente pour la suprématie mondiale et le maintien de l’ordre impérialiste. Ce conflit s’ajoute aux guerres engendrées partout par la politique américaine, en particulier pour garder le contrôle du Moyen-Orient, et à la rivalité économique agressive avec la Chine, qui peut se transformer à tout moment en affrontement militaire. Du point de vue du maintien de la suprématie américaine, la rivalité avec la Chine compte plus que l’avenir de l’Ukraine.
En tout état de cause, il serait hasardeux de chercher à prévoir l’attitude d’un Trump de retour à la Maison-Blanche. Les politiciens américains en campagne ont plusieurs fois annoncé le retrait de leur engagement dans tel ou tel conflit, sous prétexte d’un redéploiement de leurs troupes ou du retour à un certain isolationnisme, avant de mener une tout autre politique au pouvoir. Obama avait ainsi promis en 2011, juste avant que la guerre civile ne fasse exploser la Syrie, le retrait des troupes américaines d’Irak et du Moyen-Orient. Trump répète qu’il veut retirer les troupes américaines d’Europe et laisser les pays européens supporter seuls le coût de la guerre contre la Russie. En pleine campagne présidentielle, les républicains ont bloqué la reconduction de l’aide militaire à l’Ukraine, contribuant à la réduction des livraisons d’armes. Trump au pouvoir aura à choisir entre ses promesses de campagne, sa démagogie isolationniste et les nécessités du maintien de la domination américaine sur le monde.
Négocier avec Poutine ou intensifier la guerre ?
Nous l’avons affirmé maintes fois : les dirigeants des puissances impérialistes ne souhaitent pas la chute de Poutine, et encore moins la déstabilisation de l’appareil d’État russe, qui libérerait des forces centrifuges incontrôlables sur de vastes territoires. Poutine et les dirigeants impérialistes collaborent depuis plus de dix ans en Syrie pour écraser les milices islamiques que leurs guerres successives, en Afghanistan pour les deux camps, en Irak pour les Occidentaux, ont fait surgir. L’armée russe joue un rôle de gendarme irremplaçable en Asie centrale et dans le Caucase. L’attitude compatissante des dirigeants américains, lors du terrible attentat contre une salle de concert près de Moscou, revendiqué par la branche de l’État islamique dite du Khorasan (selon le nom perse d’une ancienne province centrée sur l’actuel Afghanistan), a rappelé que la guerre n’empêche pas la collaboration.
Depuis deux ans, les discussions entre Poutine et les dirigeants américains n’ont sans doute jamais cessé. Dans l’article déjà cité, Burns, le directeur de la CIA, raconte qu’il a été envoyé en février 2022 à Moscou par Biden, pour tenter de convaincre Poutine et ses conseillers de renoncer à l’invasion. En vain car, dit-il, « Ils surestimaient largement leur propre position et sous-estimaient la résistance de l’Ukraine et la détermination occidentale. » Deux ans plus tard, les réalités de la guerre ont fait bouger les lignes. Poutine n’a pas réussi à conquérir l’Ukraine, mais l’armée ukrainienne, armée par les Occidentaux mais aux troupes usées, est en difficulté pour contenir sa poussée.
Le temps des « négociations sérieuses », pour reprendre la formule de Burns, est-il en vue ? Les Occidentaux vont-ils au contraire augmenter le nombre de leurs conseillers militaires en Ukraine et intensifier les livraisons d’armes ? Sont-ils capables de produire massivement ces armes avant que les troupes russes n’enfoncent les lignes de front ? Et, surtout, quelle sera la réaction des classes populaires ukrainiennes face à l’enrôlement forcé et à une nouvelle loi de mobilisation ? Cela fait partie des nombreuses interrogations que les experts des plateaux de télévision formulent, sans avoir de réponse.
Au fond, les dirigeants des pays européens, qui subissent depuis le début les multiples bouleversements, en particulier économiques, engendrés par la politique américaine en Ukraine, n’ont pas plus de réponse. Contraints de s’aligner derrière les décisions américaines, ils tentent de se mettre en ordre de bataille, chacun au service de ses propres capitalistes. Chacun vise à prendre la plus grosse part du marché de la guerre et des futurs marchés de reconstruction. Le marché de la reconstruction de l’Ukraine a été l’objet de deux conférences internationales, alors même que la guerre fait toujours rage. Quant à l’industrie de l’armement, déjà nourrie par la multiplication des guerres dans le monde, les dirigeants européens s’emploient à la développer encore davantage en organisant le passage à une « économie de guerre ».
« L’économie de guerre », jackpot pour les industriels et les banquiers
Dans toute l’Europe, depuis deux ans, les budgets consacrés aux commandes de matériels de guerre ont partout explosé. En 2023, l’État français a passé des commandes pour un montant exceptionnel de 20 milliards d’euros. Sous le premier quinquennat de Macron, la moyenne annuelle était de 15 milliards, contre moins de 10 milliards sous Hollande. Lors de sa dernière conférence de presse, le 27 mars, Sébastien Lecornu, ministre des Armées, a dressé la liste des commandes en attente de livraison : 2 milliards d’euros pour Safran, 3 milliards pour le missilier MBDA, 4 milliards pour Naval Group, 5 milliards chacun pour Airbus Defence and Space, Airbus Helicopters, Dassault, 6 milliards pour Thales, etc. Lecornu est arrivé à un total de 34 milliards d’euros de commandes en cours. C’est Noël tous les jours pour les marchands d’armes. Ce montant est supérieur aux deux plans cumulés de coupes budgétaires décidés par Bruno Le Maire pour 2024 et 2025. Il représente le coût de la construction de cent hôpitaux neufs.
Mais le problème des chefs de l’armée, c’est qu’entre la commande et la livraison le délai est trop long. Les industriels prennent les commandes mais tardent à les honorer. Les raisons avancées sont multiples : capacité de production insuffisante, manque de travailleurs formés, manque de matières premières, manque de pièces détachées, concurrence entre les producteurs, concurrence entre l’industrie civile et l’industrie militaire. Même si les cadences ont été augmentées – le temps de production d’un canon Caesar serait ainsi passé depuis le début de la guerre en Ukraine de 30 à 15 mois, le nombre de canons produits chaque mois est passé de 2 à 8 – les capitalistes ne se sont pas précipités pour réaliser les investissements très coûteux nécessaires pour augmenter significativement la production. Et, surtout, il en va de l’industrie militaire comme de tous les secteurs de l’économie capitaliste : faute de planification, parce que les étapes de la production sont morcelées entre une multitude de sous-traitants répartis partout sur la planète, et qui fournissent des industriels concurrents, produire dans les délais la quantité commandée est une gageure. L’industrie de l’armement se heurte aux mêmes obstacles que l’industrie automobile, confrontée il y a deux ans à une pénurie de semi-conducteurs. Les fournisseurs vendent en priorité au plus offrant, qu’il soit du secteur militaire ou pas. L’anarchie de l’économie capitaliste n’épargne pas le secteur militaire.
Pour pouvoir forcer la main aux différents industriels, ou leur faciliter la tâche, le gouvernement a réinscrit dans la dernière loi de programmation militaire la possibilité d’imposer des réquisitions « de personnels, de stocks ou d’outils de production ». Ainsi le 27 mars, entouré d’une brochette d’officiers et du directeur général de l’Armement, Lecornu a menacé : « Pour la première fois, je n’exclus pas d’utiliser ce que la loi permet au ministre de faire, c’est-à-dire, si le compte n’y était pas en matière de cadence et de délais de production, de faire des réquisitions ou de faire jouer le droit de priorisation. »
Accélérer le tournant vers cette économie de guerre est l’un des objectifs des postures guerrières de Macron. Au lendemain des déclarations de son patron, Lecornu a précisé les pistes d’ores et déjà envisagées : « Des entreprises françaises vont créer des partenariats avec des entreprises ukrainiennes pour produire sur le sol ukrainien des pièces détachées, peut-être même des munitions demain. » Il souhaite créer « une alliance stratégique de production industrielle et militaire avec l’Ukraine, en envoyant sur le terrain des experts en armement et des industriels de la défense ». Si l’envoi massif de troupes françaises et européennes en Ukraine n’est sans doute pas à l’ordre du jour à court terme, l’installation sur le sol ukrainien des capitalistes de l’armement est en route. Ils pourront profiter d’une main-d’œuvre qualifiée sous-payée, tout en étant au plus près des champs de bataille pour ajuster leurs matériels.
Quelle que soit l’évolution de la guerre en Ukraine, la guerre est une réalité que les classes populaires paient déjà. En Russie et en Ukraine, elles la paient avec leur sang et en subissant des coupes drastiques dans les quelques budgets sociaux encore en place. En Ukraine, avec la mise sous tutelle des entreprises publiques ou des ressources du pays par des capitalistes occidentaux. Elles la paieront pendant des décennies sous la forme du remboursement de la dette de guerre. Dans les autres pays européens, elles la paient par la militarisation des budgets, car les États occidentaux paient rubis sur l’ongle les industriels de la guerre qui construisent les engins livrés en Ukraine, avant de présenter la note à ce pays. Elles la paient encore par la militarisation des esprits. Aucune paix ne sera possible tant que régnera l’impérialisme.
2 avril 2024
Cité par Adam Entous et Michael Schwirtz, « The Spy War : How the C.I.A. Secretly Helps Ukraine Fight Putin », New York Times, 25 février 2024.
Foreign Affairs, mars-avril 2024, publié en ligne le 30 janvier 2024.
Déclaration de Sébastien Lecornu sur BFMTV le 8 mars 2024.